Trump et l’UE : Rien à Foutre, Tout à Gagner - La Guerre Monétaire

Trump ne sauvera pas l’Europe
“Make America Great Again”, pas “Make Europe Great Again”. Trump n’a jamais eu pour ambition de préserver les intérêts européens, et encore moins de les renforcer. L’Europe ? Un marché secondaire, un obstacle à la suprématie américaine, et surtout, une cible facile dans une guerre bien plus grande : la guerre monétaire.
Cette guerre, pourtant invisible aux yeux du grand public, est bien plus redoutable que les affrontements militaires classiques. Ici, les armes ne sont pas des tanks ni des missiles, mais des devises, des taux d’intérêt et des sanctions financières. Trump a parfaitement compris que pour imposer les États-Unis comme superpuissance absolue, il faut contrôler l’arme économique ultime : la monnaie.
Exemple chiffré
• En 2023, le dollar représentait 59% des réserves mondiales de devises, tandis que l’euro est tombé à 20%, contre 28% en 2008.
• Depuis 2017, les États-Unis ont multiplié par 2,5 l’utilisation des sanctions financières, visant notamment l’Europe via des pressions sur ses entreprises.
Qu’est-ce qu’une guerre monétaire ?
Une guerre monétaire, c’est une stratégie économique où un pays manipule les devises et les flux financiers pour dominer ses concurrents. Les techniques sont nombreuses :
• Dévaluation compétitive : faire baisser la valeur de sa monnaie pour rendre ses exportations plus compétitives.
• Sanctions financières : couper l’accès aux financements internationaux, bloquer des transactions ou geler des actifs étrangers.
• Contrôle des ressources stratégiques : forcer les alliés à acheter à des prix gonflés, tout en détruisant leur accès aux alternatives.
Trump n’a pas inventé la guerre monétaire, mais il l’a perfectionnée. Et l’Europe en est la principale victime.
Exemple chiffré
• La dévaluation du yuan en 2019 a entraîné une baisse immédiate de 3% des exportations européennes vers la Chine.
• En 2022, la hausse brutale des taux de la Fed a provoqué un renforcement du dollar de 15% par rapport à l’euro, impactant négativement les exportations européennes.
Nord Stream : L’Europe sabordée par Washington
Un exemple frappant de cette guerre est le sabotage du gazoduc Nord Stream. Ce projet devait permettre à l’Allemagne et à l’Europe de bénéficier d’un gaz russe bon marché, assurant une indépendance énergétique partielle. Mauvaise nouvelle pour les États-Unis, qui ont tout intérêt à garder l’Europe dépendante de leur gaz de schiste.
Résultat ? Nord Stream a été réduit en miettes. Officiellement, personne ne sait exactement qui a détruit le pipeline. Officieusement, il suffit de voir qui en a tiré profit : les États-Unis. L’Europe s’est retrouvée contrainte d’acheter du gaz américain, trois à quatre fois plus cher, aggravant la crise économique et augmentant les coûts de production des industries européennes.
Mais ce n’est pas juste une question d’énergie. Ce sabotage visait aussi un autre ennemi invisible : l’euro.
Exemple chiffré
• En 2021, l’UE achetait 40% de son gaz à la Russie (155 milliards de m³). En 2023, cette part est tombée à moins de 10%.
• L’électricité en Allemagne coûtait 30 €/MWh en 2020. Après la destruction de Nord Stream, elle a atteint 700 €/MWh en 2022.
• Les États-Unis ont exporté 56% de leur GNL vers l’Europe en 2023, contre 25% en 2021.
L’Euro : Une monnaie trop ambitieuse
L’euro aurait pu devenir une alternative crédible au dollar sur les marchés mondiaux. En théorie, il devait être une monnaie de réserve, un pilier du commerce international. Problème : une monnaie forte signifie une Europe forte. Or, ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis.
Comment Trump et les Américains ont-ils affaibli l’euro ?
1. Pression sur les banques européennes : en menaçant d’exclure certaines institutions du système financier mondial.
2. Manipulation des marchés : en orchestrant des crises qui ont fait fuir les investisseurs vers le dollar, considéré comme une “valeur refuge”.
3. Guerre énergétique : en augmentant artificiellement les coûts pour affaiblir la compétitivité de l’industrie européenne.
Et ça a marché. Aujourd’hui, l’euro est une monnaie instable, incapable de rivaliser avec le dollar. L’Europe n’est pas un acteur économique autonome, mais un simple satellite de Washington.
Exemple chiffré
• En 2008, l’euro représentait 28% des réserves mondiales. En 2023, il est tombé à 20%.
• La Deutsche Bank a subi plus de 17 milliards de dollars d’amendes entre 2010 et 2020, réduisant son influence mondiale.
• BNP Paribas a été condamné à 9 milliards de dollars d’amendes en 2014 pour non-respect des sanctions américaines.
Une Europe écrasée entre Washington et Pékin
Pendant que l’Europe tente de comprendre ce qui lui arrive, un nouvel ordre monétaire se met en place : Washington contre Pékin. Les États-Unis, en poussant la Russie hors du système financier occidental, l’ont jetée dans les bras de la Chine. Résultat ? Un bloc sino-russe qui cherche à contester la domination du dollar, notamment avec des transactions en yuans.
Et l’Europe dans tout ça ? Elle n’est qu’un pion. Ni assez puissante pour peser face aux États-Unis, ni assez autonome pour s’aligner avec la Chine et la Russie.
Exemple chiffré
• La part du dollar dans les échanges entre la Russie et la Chine est passée de 90% à 46% en cinq ans.
• Le yuan représente 4,5% des réserves mondiales et pourrait atteindre 10% d’ici 2030.
• L’Inde, l’Arabie Saoudite et le Brésil testent des transactions en monnaies locales, signe d’une contestation du dollar.
Trump, l’Europe et l’après
Alors, que va faire Trump s’il revient au pouvoir ?
1. Pousser l’Europe à acheter toujours plus de produits américains (armes, gaz, technologies).
2. Imposer de nouvelles sanctions pour empêcher l’émergence d’une alternative au dollar.
3. Encourager la désunion européenne, car une UE divisée est plus facile à manipuler.
L’Europe a-t-elle une issue ? Théoriquement, oui. Pratiquement, non tant qu’elle reste sous influence américaine.
Exemple chiffré
• En 1999, l’UE représentait 25% du PIB mondial. En 2023, elle est tombée à 17%.
• Les États-Unis et la Chine captent 80% de la croissance mondiale, tandis que l’UE stagne.
• La dette publique européenne dépasse 90% du PIB, limitant sa marge de manœuvre économique.
Conclusion : L’Europe, simple dommage collatéral
Trump l’a compris : l’Europe n’est pas un allié, c’est un marché à exploiter et un concurrent à neutraliser.
En détruisant Nord Stream, en manipulant les monnaies et en imposant une dépendance énergétique et militaire, les États-Unis ont réduit l’UE à un rôle de spectateur dans la guerre monétaire mondiale. L’Europe aurait pu être un acteur de premier plan. Elle est aujourd’hui un vassal économique.
Si l’UE ne trouve pas rapidement une stratégie pour s’émanciper de cette domination, elle continuera à subir le jeu de Trump et des États-Unis, sans jamais en tirer le moindre bénéfice.
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