La Mascarade Bancaire : comment l’État va piocher dans vos poches

La rédaction

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Publié le 1 novembre 2024
La Mascarade Bancaire : comment l’État va piocher dans vos poches

Ces derniers mois, un spectre hante l’Europe : celui de l’intervention directe des gouvernements dans la gestion de nos comptes bancaires. Sous couvert de sécurité économique et de stabilité financière, des discussions se multiplient dans les coulisses des institutions européennes pour justifier des mesures intrusives qui permettraient à l’État de se “servir” directement dans les comptes des citoyens.

Vous vous souvenez sans doute de l’affaire chypriote en 2013, où l’Europe avait autorisé une ponction directe dans les comptes bancaires de plus de 100 000 euros pour sauver les banques en faillite. Les Chypriotes avaient découvert, à leur grande surprise, que l’argent déposé dans leurs banques n’était plus tout à fait le leur.

Eh bien, cet épisode pourrait n’avoir été que le prélude d’une tendance qui semble se généraliser. Face à l’endettement abyssal des États et à l’inflation galopante, certains gouvernements envisagent sérieusement des mesures similaires pour se renflouer.

Le grand danger des taux négatifs et de la “dématérialisation”



L’un des points d’entrée de cette appropriation silencieuse de vos avoirs est la politique des taux d’intérêt négatifs, associée à la dématérialisation de l’argent liquide. En gros, les États endettés et leurs alliés dans le système bancaire peuvent littéralement se financer en appauvrissant l’épargne privée.

Prenons l’exemple de la Banque centrale européenne (BCE) qui, en 2014, a instauré des taux d’intérêt négatifs pour les dépôts bancaires, avec un taux initial de -0,1%. Ce taux est ensuite descendu jusqu’à -0,5% en 2019. Le mécanisme est simple : pour les banques, déposer de l’argent auprès de la BCE leur coûte de l’argent, ce qui les incite à prêter plutôt qu’à accumuler des réserves.

Cependant, l’effet pervers, c’est que les épargnants eux aussi finissent par en payer le prix, car les banques cherchent à compenser ces pertes par des frais ou une baisse de la rémunération des dépôts.

En 2023, l’inflation moyenne dans la zone euro a atteint 6,1%, creusant encore plus l’écart entre l’épargne et la réalité des prix. Ainsi, non seulement vos économies perdent de la valeur à cause de l’inflation, mais en plus, elles sont exposées à des taux d’intérêt négatifs. L’idée de “taux réels” (taux nominaux moins inflation) est particulièrement alarmante : si vous avez un taux de -0,5% sur vos dépôts et que l’inflation est de 6%, cela signifie que votre argent perd 6,5% de sa valeur chaque année. Ce contexte pousse de plus en plus de citoyens à se tourner vers des actifs tangibles, mais encore faut-il avoir la possibilité de sortir ses liquidités avant que l’État ne les saisisse.

L’État providence en roue libre

Ce qui est particulièrement effrayant ici, c’est le glissement progressif mais clair vers un État-Providence tout-puissant, qui justifie son intrusion dans les comptes bancaires par la défense du bien commun. Le problème est que, de toute évidence, cet État est incapable de gérer ses propres finances de manière responsable. Les déficits explosent, les dettes s’accumulent, et l’inflation est là pour masquer cette incompétence à court terme.

Prenons quelques exemples concrets :

• En 2023, la dette publique de la France s’élève à 2 950 milliards d’euros, soit 112,5% du PIB. Un tel niveau d’endettement devient difficilement soutenable sans une augmentation significative des prélèvements.


• En Italie, ce chiffre atteint 144% du PIB, mettant une pression énorme sur les finances publiques. Le gouvernement italien pourrait être tenté d’intervenir directement sur les comptes des citoyens pour réduire son fardeau.

En parallèle, la politique d’assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne, qui a consisté à racheter massivement des dettes publiques, a gonflé le bilan de la BCE à plus de 9 000 milliards d’euros en 2023. Cette politique monétaire ultra-accommodante a alimenté une spirale de dettes, où les États comptent sur l’argent des citoyens pour éponger leurs erreurs passées. C’est ici que l’on voit la naissance d’une dangereuse dépendance à l’argent facile, où l’épargne des citoyens devient la prochaine cible évidente des politiques publiques.

Ce qui nous attend : l’Union bancaire européenne

La mise en place de l’Union bancaire européenne peut faciliter cette intrusion. L’idée que, demain, les institutions européennes pourraient orchestrer une ponction sur les comptes bancaires au nom de la « stabilité de l’euro » n’est plus un simple fantasme. Le bail-in, cette procédure qui permet de faire participer les créanciers privés (y compris les déposants) au sauvetage des banques, est déjà inscrite dans les textes. Et l’extension de ce principe à d’autres situations de crise financière n’est qu’une question de temps.

Voici un exemple éloquent : le cas de l’Espagne en 2022. Suite à une crise bancaire majeure liée à des créances douteuses, plusieurs banques espagnoles ont appliqué un bail-in, ce qui a directement affecté les épargnants. Des comptes avec plus de 50 000 euros ont subi des ponctions de l’ordre de 5 à 10% du total des dépôts pour renflouer les institutions. Ce genre de situation, autrefois impensable, devient de plus en plus courant.

Et l’extension de ce principe à d’autres situations de crise financière n’est qu’une question de temps. Aujourd’hui, ce sont les comptes au-dessus de 100 000 euros qui sont visés, mais demain, qui sait ? Le seuil pourrait être abaissé à 50 000 euros, voire 10 000 euros si la crise venait à s’aggraver.

Les banques centrales : complices ou sauveurs ?

Il est aussi important de se pencher sur le rôle des banques centrales dans ce processus. En injectant massivement des liquidités dans les économies via des politiques monétaires ultra-accommodantes, elles ont alimenté la bulle de la dette. Cette stratégie, bien qu’elle ait évité des effondrements brutaux, pose à long terme la question de la soutenabilité.

Entre 2020 et 2023, les banques centrales ont acheté des obligations pour un montant total de 3 400 milliards d’euros en Europe et aux États-Unis, une politique sans précédent. Cependant, cela a un coût : l’inflation est montée en flèche, les actifs tangibles comme l’or et l’immobilier se sont envolés, et l’épargne des ménages est devenue un levier facile pour les gouvernements.

Il ne s’agit plus uniquement de protéger le système bancaire, mais de renflouer des États défaillants. Et l’argent des déposants est devenu l’outil de cette politique.

Le cas de la France : quand l’État lorgne sur l’épargne des Français

En France, le débat sur l’utilisation de l’épargne privée pour financer la transition écologique ou pour éponger la dette publique est récurrent. En 2021, le montant total de l’épargne des ménages français s’élevait à 5 800 milliards d’euros, une manne colossale qui attise les convoitises des gouvernants. Il n’est donc pas surprenant que des idées soient évoquées pour orienter cette épargne vers le financement de l’économie, notamment via des incitations fiscales ou des réorientations forcées.

En parallèle, les livrets d’épargne réglementés comme le Livret A et le LDDS, qui représentent une épargne de plus de 400 milliards d’euros, sont souvent la cible de propositions de réformes. Le gouvernement pourrait décider de geler une partie de ces fonds pour financer des projets d’infrastructure, sous prétexte de “solidarité nationale” ou de “stabilisation financière”.

Le message est clair : aucune somme d’argent détenue en banque n’est totalement à l’abri d’une réquisition.

La leçon de l’histoire : se protéger avant qu’il ne soit trop tard

L’histoire montre que les gouvernements, une fois qu’ils mettent en place ce genre de mécanisme, finissent par l’étendre. La Chypre de 2013 nous a montré que les banques ne sont pas des coffres forts, mais des intermédiaires fragiles. Et que l’État, dans sa folie dépensière, pourrait ne pas hésiter à sacrifier l’épargne privée pour sauver ses propres erreurs.

Il est donc plus que jamais impératif de repenser la gestion de son patrimoine. L’immobilier, les métaux précieux, ou même des investissements dans des devises alternatives hors de l’emprise directe des banques centrales sont des pistes à explorer. Mais quoi qu’il en soit, une chose est certaine : les épargnants doivent se préparer à l’idée que leurs comptes bancaires ne sont plus intouchables.

L’or, par exemple, devient une valeur refuge incontournable. Entre 2019 et 2023, son cours est passé de 1 300 dollars à près de 2 ooo dollars l'once, preuve que les investisseurs perdent confiance dans les actifs papier.

L'immobilier reste aussi une valeur sûre, mais attention aux bulles locales dans certaines zones où les prix sont gonflés artificiellement.

Cet article vise à nourrir un débat sur les dérives potentielles des politiques économiques et financières, tout en éclairant les citoyens sur les risques croissants pour leur épargne.

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