L’or, ce métal précieux, fascine l’humanité depuis des millénaires. Depuis la nuit des temps, il a été considéré comme un symbole de richesse, de pouvoir et de stabilité. Mais pourquoi l’or, et pas un autre métal, a-t-il cette valeur si particulière ? Et comment expliquer que, même dans un monde de monnaies numériques et de banques centrales, il continue à être perçu comme une valeur refuge ? Pour comprendre cela, il est nécessaire de plonger dans l’histoire, les propriétés uniques de l’or et ses multiples usages dans les systèmes économiques modernes.
L’origine de la valeur de l’or
L’or est rare, et cette rareté lui confère une grande partie de sa valeur. À ce jour, environ 197 576 tonnes d’or ont été extraites dans le monde, selon les données du World Gold Council. Pour mettre ce chiffre en perspective, si tout l’or jamais extrait était fondu en un seul bloc, il formerait un cube d’environ 21 mètres de côté. C’est peu comparé à d’autres métaux comme le cuivre ou l’argent.
Cette rareté, combinée à sa durabilité, explique pourquoi l’or est perçu comme un excellent moyen de conserver la richesse au fil du temps. Contrairement aux monnaies fiduciaires ou à d’autres biens matériels, l’or ne s’oxyde pas, ne rouille pas et peut traverser des siècles sans altération. Sa rareté et sa pérennité en font un bien intrinsèquement précieux.
Historiquement, l’or était prisé bien avant l’apparition des systèmes monétaires modernes. Dès l’Antiquité, il servait de monnaie d’échange, de parure et de réserve de valeur. Les Égyptiens en faisaient des masques funéraires, les Romains en frappaient des pièces, et cette tendance s’est maintenue à travers les âges. Aujourd’hui encore, malgré l’avènement de technologies modernes, l’or reste considéré comme une protection contre l’inflation et les incertitudes économiques.
Pourquoi l’or et pas un autre métal ?
L’or possède des propriétés uniques qui le distinguent des autres métaux précieux. Sa malléabilité, sa densité élevée et sa résistance à la corrosion en font un matériau idéal pour stocker de la valeur. L’or est facile à diviser (en pièces ou en lingots), ce qui le rend pratique pour des transactions économiques.
Par exemple, il faut 19,32 grammes d’or pour remplir un centimètre cube, ce qui signifie qu’une petite quantité d’or peut représenter une grande valeur. Sa valeur en 2024 fluctue autour de 1 850 à 1 900 dollars l’once troy (31,1 grammes). Cette valeur a progressé au fil du temps, passant de 35 dollars l’once lorsque le système de l’étalon-or a pris fin en 1971, à plus de 2 000 dollars durant certaines périodes de crise économique.
Sa brillance et son éclat en font également un objet de désir, même sans utilité industrielle particulière pendant des siècles. Contrairement à d’autres métaux comme l’argent ou le cuivre, qui sont plus abondants et ont des usages industriels (câblage, composants électroniques, etc.), l’or a surtout une utilité monétaire et esthétique.
L’or et les systèmes monétaires : un historique
Au XIXe siècle, l’or est devenu officiellement un pilier du système monétaire international avec la création du Gold Standard. Sous ce système, chaque monnaie nationale était adossée à une quantité fixe d’or. Cela permettait aux pays de stabiliser leurs monnaies et facilitait les échanges internationaux, car chaque monnaie pouvait être convertie en une quantité déterminée d’or.
Un exemple significatif est celui des États-Unis, où en 1900, un dollar était convertible en 1,5046 grammes d’or. Les États-Unis disposaient à cette époque de 8 000 tonnes d’or en réserve. Cette convertibilité offrait une garantie de stabilité : en cas de doute sur la monnaie, les détenteurs pouvaient échanger leurs billets contre de l’or.
Cependant, en 1971, le président américain Richard Nixon mit fin à la convertibilité du dollar en or, marquant ainsi la fin de l’étalon-or. À partir de là, les monnaies nationales sont devenues fiduciaires, c’est-à-dire qu’elles n’ont plus de valeur intrinsèque en elles-mêmes mais reposent sur la confiance dans la stabilité et la politique économique de l’État émetteur.
L’or comme valeur refuge en temps de crise
Aujourd’hui, dans un monde où les banques centrales manipulent les taux d’intérêt et injectent massivement des liquidités dans les économies pour soutenir la croissance, l’or continue de jouer un rôle fondamental. En période d’incertitude économique, de crise géopolitique, ou lorsque la confiance dans les monnaies fiduciaires est érodée, l’or devient une valeur refuge.
Prenons par exemple la crise financière de 2008. À l’époque, l’or a vu son prix passer de 700 dollars l’once en 2007 à plus de 1 800 dollars en 2011, car les investisseurs cherchaient à protéger leur patrimoine contre les fluctuations des marchés financiers et la dévaluation des monnaies. Plus récemment, avec la pandémie de COVID-19 en 2020, l’or a à nouveau atteint des niveaux record, dépassant les 2 000 dollars l’once à l’été 2020. Cela reflète l’inquiétude généralisée des investisseurs face à l’inflation et aux mesures de soutien des gouvernements qui augmentaient massivement leurs dettes publiques.
Pourquoi l’or conserve-t-il sa valeur aujourd’hui ?
Aujourd’hui encore, les banques centrales du monde entier détiennent des réserves d’or importantes. Selon le World Gold Council, les banques centrales mondiales détiennent environ 35 500 tonnes d’or dans leurs réserves, avec les États-Unis en tête (environ 8 133 tonnes), suivis par l’Allemagne (3 362 tonnes) et l’Italie (2 451 tonnes).
Ces réserves sont maintenues pour une raison simple : l’or reste un actif de dernier recours. Contrairement aux monnaies fiduciaires ou aux obligations, il ne dépend d’aucune autorité centrale et ne peut être imprimé à volonté. C’est aussi ce qui explique la résurgence de l’or comme actif d’investissement dans les portefeuilles des particuliers, des institutions et même des gouvernements.
Un autre exemple est celui de la Russie. Face aux sanctions économiques après l’annexion de la Crimée en 2014, la Russie a fortement augmenté ses achats d’or, accumulant ainsi plus de 2 298 tonnes d’or dans ses réserves. Cette stratégie visait à se protéger contre l’instabilité du marché des changes et la faiblesse du rouble.
Conclusion
L’or tire sa valeur de sa rareté, de ses propriétés physiques uniques et de son histoire en tant que monnaie et réserve de richesse. Il sert de rempart contre l’inflation, la dévaluation des monnaies et les incertitudes économiques. Bien qu’il ne soit plus la base du système monétaire, l’or demeure une protection contre l’érosion des monnaies fiduciaires et les excès des banques centrales. Sa valeur transcende les époques et les crises, offrant aux investisseurs et aux gouvernements un actif tangible, stable et indépendant des manipulations monétaires.
Ainsi, l’or n’est pas seulement un métal précieux, il est l’incarnation même de la valeur perçue dans un monde économique incertain. Tant que la confiance dans les monnaies fiduciaires continuera de faiblir, l’or restera un refuge solide.