La France quitte l’Afrique : Fin d’un empire et naissance d’une nouvelle ère !
La fermeture simultanée des bases militaires françaises au Sénégal et au Tchad sonne comme un coup de tonnerre dans un ciel clairsemé de nostalgie coloniale. Voilà que s’effondre ce qui restait de l’ancienne présence impériale française sur le continent africain, une présence qui, malgré les apparences, n’avait cessé de se maintenir depuis les années 1880, même après les indépendances formelles des années 1960. Il s’agit désormais d’un adieu qui s’achève, marqué par l’ombre de la colonisation et l’incapacité de se réinventer dans un monde d’après.
Les bases qui survivent en Côte d’Ivoire et au Gabon ne feront plus long feu. C’est une question de temps avant que même ces dernières ne s’éteignent. Et puis, il restera Djibouti, dernier bastion militaire français sur le continent, un petit point sur la carte dont le modèle économique repose sur la location de son territoire aux grandes puissances mondiales. Mais ce n’est pas la France qui en détient les clés. Ce monde-là est déjà ailleurs.
La Fin du Mythe et la Crise de Sens
Là où certains voient la fin d’une époque, c’est avant tout une crise existentielle pour une armée qui avait fondé son rôle dans l’intrusion, l’intervention et l’expansion. Pendant des décennies, l’armée française s’est construite autour de ces opérations extérieures en Afrique, un terrain de jeu où la gloire et les exploits s’entremêlaient. Des “Opex”, des interventions spectaculaires, ont fait naître le mythe de la France gardienne des peuples, prête à sauter sur Kolwezi, ou à défendre les innocents sous des cieux africains. Aujourd’hui, ces mythes appartiennent à l’histoire. Une histoire qui se termine dans les bureaux froids de la capitale, où le militaire se demande : “Si l’Afrique n’est plus la mission, quel est donc le sens de ma carrière ?”
Ce départ militaire n’est pas seulement la fin d’une présence géographique. Il résonne comme un échec du système de recrutement, du modèle d’une armée qui faisait vivre ses jeunes recrues dans l’illusion de l’aventure. Comment donner du sens à une carrière quand les horizons extérieurs se ferment ? La question est lancinante, et les jeunes officiers, ceux qui se sont formés à Saint-Cyr, commencent à partir vers d’autres horizons, vers des métiers plus rémunérateurs, loin des casernes qui sentent encore l’histoire.
Révision de la Doctrine : Un Départ Economique Prémédité
Mais la fermeture des bases ne se limite pas à une simple réorganisation militaire. C’est un symptôme d’un déclin plus large, celui de la France en Afrique, et de son incapacité à comprendre que le monde a changé. La Société Générale ferme ses portes, Bolloré s’éloigne des ports africains, et ce qui reste de l’économie française en Afrique se résume à quelques échanges commerciaux dérisoires, loin derrière la Belgique ou même l’Allemagne. La réalité est simple : pour la France, l’Afrique n’est plus un marché stratégique. L’avenir de la France, de son économie et de ses entreprises se trouve ailleurs, dans l’Union Européenne, en Asie, dans les grands marchés mondiaux.
Les analystes qui s’accrochent à des visions obsolètes, nourries par un colonialisme résiduel et un paternalisme bien installé, n’ont pas vu la vérité qui se dessine. L’Afrique n’est plus une priorité géopolitique. Les erreurs passées, tant diplomatiques que militaires, ont réduit la France à une silhouette évanescente sur la scène internationale. La Syrie, le Vietnam, l’Asie, la Chine : là où la France a perdu son influence, elle n’a pas su saisir les nouveaux enjeux.
Une Nouvelle Chance : Réinventer la Puissance Française
Mais voilà, cette fermeture, ce départ, est aussi l’opportunité d’un renouveau. La France n’est pas une puissance africaine, elle est une puissance mondiale, un pays qui s’étend sur 13 fuseaux horaires, des terres lointaines du Pacifique aux Caraïbes. Ce sont ces espaces d’outre-mer, souvent mal compris, souvent ignorés, qui détiennent les leviers de la puissance française. La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, la Guyane, et les territoires du Pacifique, sont des points d’ancrage bien plus stratégiques pour la France que les rives africaines.
La question, aujourd’hui, est de savoir si la France saura enfin se concentrer sur ces territoires, véritables joyaux de la nation, au lieu de continuer à perdre son énergie à défendre des territoires lointains qui n’ont plus rien à voir avec ses intérêts. Le 25 septembre 2024, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées a fait une déclaration glaçante : la France n’est plus en mesure de défendre la Nouvelle-Calédonie en cas de conflit. Ce n’est pas seulement un aveu de faiblesse, c’est un appel à l’action : à repenser la défense nationale, à privilégier l’autonomie locale, à construire des milices privées et à se préparer à la réalité du monde moderne.
L’Afrique : Une Leçon à Retenir
Il est temps d’arrêter de nourrir la vieille chimère d’un empire français en Afrique. La France a été paralysée par son passé colonial, et il est maintenant temps de tourner la page. Le départ des bases militaires est une bonne nouvelle, car il ouvre la voie à une refonte de la stratégie nationale. Il est grand temps de traiter l’Afrique non plus comme une terre de missions à accomplir, mais comme un partenaire adulte, sur un pied d’égalité. Des missions ponctuelles de sécurité, des formations d’officiers, des partenariats réels, sont des pistes de coopération beaucoup plus réalistes et bénéfiques pour les deux parties.
C’est une chance pour les outre-mer. C’est une chance pour la France. La fin de l’illusion coloniale pourrait bien être le catalyseur d’un nouveau départ, celui d’une puissance mondiale enfin réorientée vers ses véritables enjeux géopolitiques. Il est temps de se réinventer. Il est temps de ne plus regarder derrière, mais de regarder au loin. Le monde a changé. La France doit s’adapter.
Sources
Reuters
France on the back foot in Africa after Chadian snub
Financial Times
Chad ends defence pact with France
Associated Press
Chad ends a defense cooperation agreement with France, its former colonial ruler
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