L’effet Laffer : un mal nécessaire à l’État français
L’effet Laffer est, l’un des concepts économiques les plus puissants, mais aussi l’un des plus mal utilisés par les gouvernements, en particulier en France. Cette courbe célèbre, que j’ai vu tant de fois ignorée par nos élites, symbolise parfaitement le grand mal de notre société : la méconnaissance économique et l’aveuglement des dirigeants face aux limites naturelles de la fiscalité.
Arthur Laffer a théorisé ce que tout bon sens comprend : il existe un seuil au-delà duquel une augmentation des taxes ne fait que détruire l’activité économique et, au lieu d’accroître les recettes fiscales, les diminue. Pourtant, dans la plupart des pays occidentaux, et plus spécifiquement en France, nous sommes dirigés par des technocrates convaincus qu’ils peuvent redistribuer infiniment une richesse qu’ils ne créent pas eux-mêmes. Cette pensée est une pure folie.
Une courbe, un principe
Pour mieux comprendre l’effet Laffer, partons d’un point basique. Supposons que le taux d’imposition soit de 0% : naturellement, l’État ne perçoit rien car aucune taxe n’existe. À l’autre extrême, si le taux d’imposition est de 100%, personne ne voudra travailler, investir ou prendre des risques économiques puisque tous les gains seront confisqués. Résultat ? Les recettes de l’État sont aussi nulles.
Entre ces deux extrêmes, il existe donc un point où les taux d’imposition permettent de maximiser les recettes fiscales, tout en conservant suffisamment d’incitations pour que l’activité économique prospère. Ce point exact varie selon les circonstances, mais le principe demeure : au-delà d’un certain seuil, toute augmentation des taxes réduit l’activité économique et donc les recettes fiscales.
C’est une idée terriblement simple, mais extrêmement sous-estimée, notamment par nos politiciens français qui continuent d’accroître la pression fiscale en espérant résoudre les déficits budgétaires. Je dis souvent : taxer davantage revient à couper la branche sur laquelle nous sommes assis. Une nation ne peut pas prospérer en ponctionnant ses créateurs de richesses jusqu’à l’étouffement.
La France : un contre-exemple permanent
Regardons la situation en France. En 2024, le taux d’imposition moyen sur les entreprises approche des 30% (si l’on inclut les impôts sur les sociétés, les cotisations sociales, et divers prélèvements). À cela s’ajoutent les impôts sur le revenu, les taxes foncières, la TVA et d’autres prélèvements que subissent les ménages et les entreprises. Nous avons donc une situation où la classe moyenne et les entrepreneurs se retrouvent littéralement étranglés par une fiscalité omniprésente, démesurée, et surtout improductive.
L’État français n’a jamais appris à contrôler ses dépenses. Il se cache derrière des dépenses publiques qui représentent plus de 55% du PIB, soit l’un des plus hauts taux des pays de l’OCDE. Pire encore, malgré ces prélèvements colossaux, les déficits ne cessent de se creuser. En 2023, la dette publique française atteignait 114% du PIB, une situation intenable à long terme, et pourtant le gouvernement continue de nier la réalité.
Alors que font nos dirigeants face à ces déséquilibres ? Ils augmentent les taxes. Cette démarche est non seulement absurde, mais autodestructrice. L’effet Laffer nous enseigne que ces hausses fiscales successives finissent par étouffer les moteurs de l’économie : l’investissement, l’innovation et l’entrepreneuriat.
L’effet Laffer en action : pourquoi ça échoue en France
L’application des principes de Laffer est souvent dénigrée ou incomprise en France, car nos dirigeants pensent qu’ils peuvent ignorer les réalités économiques en usant de davantage de coercition fiscale. Regardez la fuite des talents et des capitaux. Les jeunes entrepreneurs français, les investisseurs, les ingénieurs de haute compétence préfèrent souvent quitter le pays pour éviter cette oppression fiscale. Où vont-ils ? À Londres, à Singapour, aux États-Unis… des pays où l’impôt est certes présent, mais raisonnable, et où les gouvernements comprennent qu’une croissance saine passe par une fiscalité modérée.
Parlons chiffres : en 2019, une étude réalisée par France Stratégie montrait que plus de 200 000 jeunes diplômés avaient quitté le pays entre 2006 et 2015, et que cette “fuite des cerveaux” ne cessait de s’accélérer. En 2022, selon les services des impôts français, les rapatriements de capitaux n’ont généré que 110 millions d’euros de recettes fiscales, une somme dérisoire comparée à ce que la France aurait pu récolter en gardant ces talents et investissements.
Ce n’est pas un hasard si de plus en plus d’entreprises françaises déplacent leurs sièges sociaux à l’étranger. Les taxes élevées, couplées à une rigidité administrative, étouffent toute initiative. L’effet Laffer montre que trop taxer tue la création de valeur. La France, malheureusement, est un exemple presque parfait de ce phénomène destructeur.
Les pays qui ont compris cet équilibre prospèrent. Prenons l’exemple des pays d’Europe de l’Est comme la Pologne, où l’impôt sur les sociétés a été réduit à 19%, ou encore des États baltes comme l’Estonie, où les bénéfices non distribués ne sont pas taxés. Ces nations ont mis en place une fiscalité simple et légère, tout en favorisant l’innovation. Le résultat ? Une croissance économique impressionnante, des investissements étrangers en hausse, et des recettes fiscales en progression, car l’activité économique y est florissante.
Une issue ? La réduction drastique de l’État
L’effet Laffer ne nous dit pas seulement que les taux d’imposition ne doivent pas dépasser un certain seuil. Il nous montre également que l’État doit se recentrer sur ses fonctions régaliennes et arrêter de tout régenter. Ce n’est qu’en réduisant la taille et l’interventionnisme de l’État que la France pourra redonner de l’air à son économie.
Prenons un exemple très simple : le déficit public. En 2023, le gouvernement français a enregistré un déficit de 4,7% du PIB malgré une augmentation des impôts et des prélèvements. Pourtant, l’effet Laffer suggère qu’à partir d’un certain seuil de taxation, chaque hausse supplémentaire génère moins de recettes que prévu et pourrait même les réduire. Au lieu de chercher des marges de manœuvre par une pression fiscale insupportable, il serait plus intelligent de réduire les dépenses publiques inutiles, qui sont évaluées à environ 10 milliards d’euros annuellement par la Cour des comptes.
Si nos dirigeants avaient un minimum de compréhension économique, ils cesseraient de créer des impôts nouveaux à chaque session parlementaire. Ils réduiraient plutôt les dépenses publiques inutiles, réformeraient les systèmes sociaux pour les rendre viables, et permettraient aux entrepreneurs de prospérer en baissant la pression fiscale et la bureaucratie.
La solution est sous nos yeux, mais encore une fois, il faut le dire haut et fort : l’État français est devenu un ogre insatiable. Il veut toujours plus d’impôts pour financer ses déficits, au lieu de se réformer et de réduire ses coûts.
Conclusion : L’erreur mortelle de l’étatisme fiscal
L’effet Laffer est un rappel fondamental de la réalité économique : plus vous taxez, moins vous récoltez à long terme. Les gouvernements qui l’ignorent finissent par détruire leur propre base fiscale en décourageant la création de richesse. C’est le drame français. Nos élites continuent d’ignorer cette évidence, préférant s’accrocher à des modèles étatistes qui n’ont jamais fonctionné et qui ne fonctionneront jamais.
L’avenir de la France, si elle veut retrouver la prospérité, passe par une réforme radicale de l’État et une réduction massive des impôts. L’économie doit être libérée des chaînes fiscales qui l’étouffent. Ce n’est qu’en suivant cette voie que nous pourrons espérer inverser la tendance actuelle de déclin économique et d’exil de nos forces vives.
Comme le montre la courbe de Laffer, la clé n’est pas dans plus d’impôts, mais dans moins d’État.