1. Augmentation des impôts sur les riches et les grandes entreprises : une fausse bonne idée
Michel Barnier propose d’augmenter les impôts sur les riches et les grandes entreprises, sous prétexte que ceux-ci doivent “payer leur juste part”. Problème : cette approche est contre-productive. Pourquoi ?
Les riches et les grandes entreprises ne sont pas une source inépuisable de revenus. Lorsque les impôts deviennent trop lourds, ils trouvent des moyens de contourner ces taxes ou quittent simplement le pays. Par exemple, la taxe de 75 % sur les hauts revenus instaurée par François Hollande en 2012 a entraîné un exode fiscal massif. Entre 2012 et 2016, environ 12 000 contribuables fortunés ont quitté la France, principalement vers la Belgique et le Royaume-Uni, entraînant une perte fiscale de plus d’un milliard d’euros.
De plus, il existe une limite au-delà de laquelle augmenter les taxes diminue les recettes fiscales. C’est ce que démontre la courbe de Laffer : lorsque la pression fiscale devient trop forte, les gens arrêtent de travailler, d’investir ou cherchent des moyens de réduire leur imposition. Aux États-Unis, les baisses d’impôts massives sous Reagan dans les années 1980 ont permis de relancer l’économie tout en augmentant les recettes fiscales de 103 % en 10 ans.
En France, la taxation des entreprises est déjà élevée, avec un taux d’imposition sur les sociétés à 25 %, au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Augmenter encore cette charge risque d’encourager les entreprises à délocaliser leurs activités. L’Italie, en 2013, a vu une baisse des investissements de 12 % après l’introduction d’une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises.
2. Réduire le déficit à 5 % du PIB d’ici 2025 : un objectif irréaliste sans réduction des dépenses
Barnier promet de réduire le déficit public à 5 % du PIB d’ici 2025 et à 3 % d’ici 2029. Mais ces objectifs sont quasi impossibles à atteindre sans réformes structurelles, car la France a un secteur public parmi les plus coûteux du monde. En 2023, les dépenses publiques représentent 58 % du PIB, bien au-dessus de la moyenne européenne de 44 %.
L’approche de Barnier est de vouloir réduire le déficit par l’augmentation des recettes fiscales, alors que les pays qui ont réussi à maîtriser leur déficit l’ont fait en réduisant les dépenses publiques. Prenons l’exemple du Canada dans les années 1990 : face à une situation budgétaire catastrophique, le gouvernement a choisi de réduire massivement les dépenses publiques, notamment en supprimant des postes de fonctionnaires et en privatisant certaines entreprises publiques. Résultat ? Le déficit a été réduit de 6 % à 1 % du PIB en cinq ans, et l’économie a été relancée .
3. Réforme des retraites : des ajustements cosmétiques face à un problème structurel
Barnier souhaite revenir sur certains aspects de la réforme des retraites, mais il refuse de toucher à l’âge de départ à la retraite. Pourtant, c’est là que réside le cœur du problème. En 2023, la France a un ratio actifs/retraités de 1,7 pour 1, contre 4 pour 1 en 1970 . Cette dégradation est insoutenable à long terme.
Avec une espérance de vie qui augmente constamment (82 ans en moyenne en 2023) et une natalité en déclin, il est évident que le système par répartition ne peut plus tenir. La Suède a fait le choix d’introduire un système partiellement basé sur la capitalisation dans les années 1990, où les citoyens épargnent pour leur propre retraite. Cela a permis de stabiliser leur système et de diminuer la pression sur les finances publiques.
La France devrait envisager une réforme similaire. Augmenter l’âge légal de départ à la retraite est une mesure nécessaire pour assurer la pérennité du système, mais cela nécessite du courage politique que Barnier semble manquer.
4. Augmentation des salaires des fonctionnaires : un gouffre financier
Barnier propose d’augmenter les salaires des fonctionnaires, un secteur qui représente déjà une charge immense pour l’économie française. La France compte 5,6 millions de fonctionnaires, soit bien plus que l’Allemagne, qui en a 4,8 millions pour une population plus grande . Le coût total de la fonction publique s’élève à 320 milliards d’euros par an, soit plus de 13 % du PIB .
Plutôt que d’augmenter les salaires, Barnier devrait envisager des réformes pour améliorer l’efficacité du secteur public. Les pays scandinaves ont montré que la réduction de la taille de la fonction publique, accompagnée d’objectifs de performance, permet non seulement de réduire les coûts mais aussi d’améliorer la qualité des services. En Suède, la numérisation des services publics et la réduction des effectifs ont permis d’économiser des milliards tout en améliorant l’efficacité.
5. Réglementations excessives : un frein à la compétitivité et à l’innovation
Bien que Barnier propose de simplifier certaines normes pour faciliter la construction de logements, il évite de s’attaquer au problème plus large de la sur-réglementation. La France est un pays où l’excessive bureaucratie freine les projets et décourage les investisseurs. En 2023, elle se classait seulement 32e au classement mondial de la facilité à faire des affaires, loin derrière des pays comme le Royaume-Uni (8e) ou l’Allemagne (22e) .
La complexité administrative impose un coût énorme aux entreprises. Les PME françaises dépensent en moyenne 4 % de leur chiffre d’affaires annuel en frais administratifs liés à la conformité réglementaire . C’est une entrave à l’innovation et à la compétitivité. Des pays comme la Nouvelle-Zélande, qui a simplifié ses processus administratifs, ont vu une explosion des investissements étrangers et une augmentation de la compétitivité.
6. L’extension du prêt à taux zéro à l’ensemble du territoire : une mesure coûteuse et inefficace
Parmi les propositions de Michel Barnier, l’extension du prêt à taux zéro (PTZ) à l’ensemble du territoire français semble séduisante sur le papier. Ce dispositif, qui permet aux ménages de bénéficier d’un prêt sans intérêts pour acheter leur première résidence principale, est actuellement limité aux zones dites tendues (zones où la demande de logements dépasse largement l’offre). Barnier propose de l’étendre à toutes les régions, même celles où le marché immobilier est moins sous tension.
Cependant, cette mesure soulève plusieurs problèmes. D’abord, le prêt à taux zéro est financé par l’État, ce qui signifie que les contribuables en assument indirectement le coût à travers la dette publique. Chaque prêt accordé sans intérêts représente une perte de revenus pour l’État, qui doit compenser en creusant davantage le déficit public. En 2022, le coût total des prêts à taux zéro s’élevait déjà à 1,7 milliard d’euros.
Et voilà encore une nouvelle dépense publique mal ciblée. “Et allez, creusons le déficit un peu plus!”. Où Michel Barnier compte-t-il trouver cet argent pour financer ces prêts à taux zéro ? Alors que la France est déjà accablée par une dette publique équivalente à 112 % de son PIB, ces mesures ne font qu’alourdir la charge sans résoudre les problèmes structurels.
Plutôt que de maintenir artificiellement à flot un marché immobilier grâce à des subventions, ne vaudrait-il pas mieux “laisser l’économie fonctionner librement”, comme le soutient Joseph Schumpeter ? Selon le principe de destruction créatrice, les entreprises et secteurs économiques inefficaces devraient être laissés à eux-mêmes pour céder la place à des modèles plus résilients et innovants. Au lieu de distribuer des prêts à taux zéro à tout va, ne serait-il pas plus judicieux de permettre aux entrepreneurs et aux investisseurs de prospérer sans entraves fiscales et réglementaires excessives ?
En fin de compte, l’extension du PTZ à l’ensemble du territoire reflète l’approche générale de Barnier : des solutions coûteuses qui maintiennent artificiellement une économie déjà sous perfusion, au lieu de permettre une véritable dynamique de croissance basée sur l’innovation et la compétitivité. Comme le montrent les exemples de réformes plus libérales, notamment aux États-Unis ou en Nouvelle-Zélande, il est souvent préférable de “laisser les forces du marché opérer” plutôt que de chercher à les contrôler par des interventions massives de l’État.
Conclusion : des réformes superficielles qui manquent de courage
Les propositions de Michel Barnier sont des réponses de façade aux problèmes économiques profonds de la France. Elles reposent sur une augmentation des taxes qui étouffe la compétitivité et l’innovation, tout en négligeant les réformes structurelles nécessaires, comme la réduction des dépenses publiques et la rationalisation de la bureaucratie. Comme l’a souligné Jean-Marc Daniel, les véritables solutions aux problèmes de la France sont structurelles, pas cosmétiques. Il faut des réformes profondes pour sortir le pays de la stagnation économique, et cela nécessite plus de courage que ce que Barnier semble prêt à déployer.
Les propositions de Michel Barnier sont non seulement insuffisantes, mais souvent contre-productives. Si la France veut vraiment redresser son économie, elle doit s’engager sur la voie des réformes structurelles, plutôt que d’opter pour des mesures punitives et inefficaces contre les riches et les entreprises.
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