Quotidien : Experts en Crypto ou en Bullshit ?

Dans notre société de l’instantané, où l’opinion se forge sur des caricatures et des buzz, il est regrettable de voir des émissions grand public telles que Quotidien sombrer dans une désinformation flagrante sur un sujet aussi complexe et stratégique que la crypto-monnaie. Les propos tenus récemment sur cette technologie dans leur chronique témoignent non seulement d’une incompréhension manifeste mais aussi d’un refus d’approfondir un sujet qui mérite bien mieux que des raccourcis faciles.
L’art de la caricature : un danger pour la compréhension collective
Réduire la crypto-monnaie à une communauté de « crypto bros » torse nu sur Instagram ou à un memecoin lancé sous le nom de Donald Trump est, au mieux, une paresse intellectuelle, au pire, une manipulation volontaire. Cette caricature, bien qu’amusante pour certains, trahit une méconnaissance totale des usages et des enjeux réels de la blockchain et des actifs numériques.
Prenons les exemples ignorés par cette émission. Saviez-vous qu’aux États-Unis, la majorité des détenteurs de crypto sont des jeunes issus des minorités ethniques ? Une donnée qui devrait pousser à la réflexion sur les fractures économiques et l’accès limité aux services financiers traditionnels. Pourquoi ces populations se tournent-elles vers la crypto ? Parce que celle-ci offre une alternative face à un système bancaire souvent discriminant et coûteux. Une analyse honnête aurait pu explorer ces réalités économiques et sociales.
La crypto, un outil de liberté
Que dire des femmes aux États-Unis qui utilisent la crypto pour financer un avortement dans des États où cet acte est désormais illégal ? Ces exemples concrets montrent que la crypto-monnaie peut être un outil de liberté individuelle et d’émancipation face à des systèmes oppressifs. Au lieu de souligner cet aspect essentiel, Quotidien préfère s’attarder sur les côtés les plus superficiels et anecdotiques du sujet.
La finance traditionnelle contre-attaque
Un autre angle soigneusement évité dans cette chronique est la guerre que mène la finance traditionnelle contre la crypto. Entre les banques qui ferment les comptes de particuliers et d’entreprises utilisant des actifs numériques, et les régulateurs qui multiplient les obstacles, il y a matière à débat. Pourquoi une telle hostilité ? Parce que la blockchain menace les positions monopolistiques des acteurs financiers traditionnels en permettant des transactions plus rapides, moins coûteuses et surtout décentralisées. En somme, la crypto remet en question le monopole de la caste bancaire, un sujet que les médias évitent soigneusement d’aborder.
Les erreurs factuelles : un problème majeur
Au-delà des omissions, les erreurs factuelles sont tout simplement consternantes. Dire que l’on peut « recevoir son salaire en bitcoin » est faux : en France, le code monétaire et financier l’interdit. Affirmer que Donald Trump aurait « acheté une crypto en marque blanche » ou que les régulateurs financiers seraient « commandés par Trump » relève de la fiction pure et simple. Ces inexactitudes, répétées dans une émission à large audience, participent à la désinformation et au maintien d’un débat public à un niveau affligeant.
Une honte écologique : nier les faits
Au-delà de la désinformation économique et sociale, l’émission a également échoué à aborder l’impact écologique des fermes de puissance qui minent du Bitcoin. Pourtant, là aussi, des faits concrets viennent balayer les idées reçues.
1. Disparition des centrales à gaz d’appoint : Les fermes de minage ont permis de réduire drastiquement l’utilisation de ces centrales à gaz très polluantes et coûteuses. Par exemple, la capacité des centrales “Gas Peaker” est passée de 5,62 GW à 0 GW. Oui, zéro. Un véritable progrès environnemental.
2. Absorption de l’énergie éolienne : Grâce à ces fermes de puissance, la capacité du réseau à absorber l’énergie produite par les éoliennes a explosé, passant de 34 GW à 83 GW. Ce saut spectaculaire permet de mieux exploiter les énergies renouvelables et d’assurer une meilleure gestion des surplus.
Concernant le management de l’énergie sur le réseau, les fermes de minage ne se contentent pas de consommer : elles contribuent également. Les entreprises qui ont vendu de l’énergie au prix du marché en réduisant leur propre consommation ont effectivement soulagé le réseau en temps de crise. Cela montre une flexibilité et une résilience qui profitent à l’ensemble du système énergétique.
Or, au lieu d’exposer ces données objectives, l’émission s’est contentée d’une rhétorique obscurantiste, niant les progrès réalisés. C’est non seulement trompeur, mais également nuisible au débat sur la transition énergétique. Lorsque l’on commence à nier des faits établis pour servir un agenda idéologique, on franchit une ligne dangereuse.
Pourquoi la crypto dérange-t-elle ?
La crypto-monnaie dérange parce qu’elle remet en question le pouvoir établi. Elle propose un modèle alternatif où les intermédiaires traditionnels ne sont plus nécessaires. Elle permet aux individus de reprendre le contrôle de leur argent et de leurs données dans un monde de plus en plus centralisé et surveillé. Pour les institutions et les élites habituées à tout contrôler, la crypto représente une menace existentielle.
L’urgence d’un débat honnête
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce n’est pas de moqueries faciles ni de caricatures, mais d’un véritable débat informé. La crypto est une révolution comparable à celle d’Internet. Elle porte en elle des promesses immenses, mais également des défis qu’il faut aborder avec sérieux et rigueur. En tant que média, le rôle de Quotidien est d’informer, pas de désinformer. En choisissant de se limiter à des blagues superficielles et des approximations, ils ne rendent service ni à leur public ni à la démocratie.
Il est possible de critiquer les excès et les absurdités de la communauté crypto sans pour autant tomber dans la caricature ou la désinformation. Mais pour cela, il faut faire preuve de curiosité intellectuelle, de rigueur et, osons le dire, de courage.
L’avenir appartient à ceux qui osent comprendre.
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