Zemmour : Obsédé par les Arabes, sourd aux vrais enjeux

La rédaction

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Publié le 26 janvier 20254 min de lecture
Zemmour : Obsédé par les Arabes, sourd aux vrais enjeux

Pendant que les États-Unis annoncent un investissement de 500 milliards de dollars dans l’intelligence artificielle – un projet ambitieux qui pourrait redéfinir leur puissance économique mondiale – Éric Zemmour, fidèle à son habitude, préfère encore et toujours recentrer le débat politique français autour de son unique obsession : les Arabes et l’islam. Il serait risible si cela n’était pas si désespérément révélateur du manque de vision de certains hommes politiques français.


La comparaison erronée avec Donald Trump


Éric Zemmour semble croire qu’il pourrait devenir le Donald Trump français. Mais les similitudes sont superficielles et les différences, abyssales. Trump, pour ses campagnes, n’a pas uniquement capitalisé sur des thèmes culturels ou identitaires. Il a parlé économie, inflation, relocalisation industrielle et, surtout, il a su adresser directement les préoccupations des électeurs de la classe moyenne et des ouvriers blancs déclassés.


En 2025, Trump a mis à jour son discours pour s’adapter aux enjeux du moment. Finie la rhétorique du Tea Party. Il s’est entouré de figures audacieuses comme Robert F. Kennedy Jr et Elon Musk, des personnalités capables de penser différemment face aux défis technologiques et climatiques. Pendant ce temps, Zemmour continue de recycler les mêmes narratifs civilisationnels qui séduisent un noyau dur, mais laissent indifférents les Français confrontés à des préoccupations bien plus immédiates : l’inflation, les salaires, et le coût de la vie.


Inflation : le talon d’Achille des gouvernements


Depuis 2022, l’inflation est devenue la principale cause de chute des gouvernements dans les démocraties occidentales. Pourquoi ? Parce que lorsqu’un taux de chômage passe de 4 % à 6 %, cela ne touche qu’une minorité. Mais lorsque l’inflation passe de 2 % à 5 %, elle frappe tout le monde – et de plein fouet ceux qui vivent d’un salaire à l’autre. Ce sont ces électeurs-là qui basculent massivement.


Trump l’a compris. Lors de sa dernière campagne, chaque publicité, chaque discours revenait inlassablement sur une seule idée : la hausse des prix est le résultat de politiques gouvernementales irresponsables. Le résultat ? Un basculement de 13 à 14 % des électeurs gagnant moins de 50 000 dollars par an.


Et en France ? Les Gilets jaunes, qui furent la première révolte populaire née de l’inflation, sont pourtant complètement ignorés par Zemmour. Ils ne veulent pas entendre parler d’un prétendu « grand remplacement », mais bien de leur pouvoir d’achat, de leurs factures d’électricité et des prix à la pompe.


Une stratégie politique déconnectée


En s’enfermant dans un combat uniquement idéologique, Zemmour oublie que les élections se gagnent dans les territoires oubliés. Là où les agriculteurs voient leurs marges écrasées par les supermarchés, où les artisans ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie, où les jeunes quittent les petites villes faute d’avenir.


Comme Charles Gave l’a si souvent répété, une campagne présidentielle ne se gagne pas dans les studios de télévision parisiens, mais dans les provinces. François Fillon, pour toutes ses erreurs, avait au moins compris qu’il fallait parler directement à la France des campagnes et des périphéries. Trump l’a fait en sillonnant le Midwest industriel, loin des côtes élitistes. Zemmour, lui, reste prisonnier d’une stratégie médiatique et parisienne, répétant encore et toujours le même discours face aux mêmes journalistes.


Les vrais défis : IA, inflation, énergie


Pendant que Zemmour fait la chasse aux moulins à vent, les vrais défis se dessinent ailleurs. Les États-Unis investissent massivement dans l’intelligence artificielle, redéfinissant les contours de la puissance mondiale. La Chine avance sur les énergies renouvelables et sur des infrastructures économiques qui défient l’Occident. Et que fait la France ? Rien.


Si Zemmour veut vraiment parler de civilisation, alors qu’il s’intéresse à l’effondrement industriel français, à notre dépendance énergétique ou à la manière dont l’inflation appauvrit les classes populaires. Ce sont là les vrais combats civilisationnels : assurer la survie économique de notre nation face aux défis du XXIe siècle.


Conclusion : Une occasion manquée


En réduisant son discours à une obsession identitaire, Éric Zemmour passe à côté des sujets qui préoccupent réellement les Français. La question n’est pas de savoir s’il peut être le Trump français, mais s’il peut proposer une vision claire, pragmatique et audacieuse pour répondre aux défis de notre époque. Pour l’instant, la réponse semble évidente : non.

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