Ah, mes chers contemporains, réjouissez-vous ! Nous vivons une époque bénie ! Après des millénaires de lutte, nous avons enfin atteint l’apogée de notre génie collectif : nous avons échangé nos chaînes rouillées contre des badges d’entreprise et des primes de fin d’année. Plus d’esclaves ! Non, non, non ! Nous sommes des salariés ! Modernes, libres… enfin, surtout libres de travailler, consommer et mourir proprement. Quelle avancée !
La liberté ? Très peu pour nous
Regardez autour de vous. Ce monde de progrès, où l’on peut commander un repas en trois clics, être surveillés par une montre connectée et faire livrer un canapé par drone. Liberté ? Ha ! Qui en voudrait ? Soyons honnêtes : c’est fatigant, la liberté. Réfléchir, décider, choisir… Non merci. Nous avons préféré vendre notre âme pour un abonnement Netflix et une pizza livrée en 10 minutes.
Mais, surprise ! Voilà que les « propriétaires » de ce confort – les bienveillants géants de la tech et nos gouvernements adorés – sont incapables de garantir leurs promesses. Incroyable, n’est-ce pas ? Nous avons troqué notre liberté contre un confort… temporaire. Et maintenant ? Plus de liberté, plus de confort ! Jackpot !
La République des zombies
Ah, la République ! Cette vieille dame en robe tricolore. Jadis, elle brillait d’un idéal : liberté, égalité, fraternité. Mais aujourd’hui ? Un vieil hologramme projeté sur un tas de décombres. Les citoyens ? Des spectateurs hypnotisés par leurs écrans, trop occupés à scroller pour se rappeler qu’ils avaient un cerveau. Le parlement ? Un théâtre où des marionnettes gesticulent pour maintenir l’illusion.
L’obéissance ? Morte et enterrée. Mais ne vous inquiétez pas, nous n’avons plus besoin d’un maître : nous sommes nos propres tyrans. Nous nous surveillons, nous nous punissons, nous nous jugeons. Une vraie démocratie : un tribunal permanent dans nos têtes. Qui a besoin d’un Big Brother quand on est soi-même son propre flic ?
L’homme-machine : produit de l’année
Parlons-en, de la machine. Cette invention magnifique, fruit de nos mains, qui, une fois terminée, nous regarde de haut en disant : « Vous êtes pathétiques. » Et elle a raison. Regardez-nous ! Admirez notre fascination pour ces objets que nous avons créés, ces joujoux qui nous dépassent. Nous avons fabriqué des robots pour nous rendre inutiles, et maintenant nous les supplions de nous remplacer complètement.
Et la meilleure partie ? Nous avons réussi à devenir des machines nous-mêmes. Plus de doutes, plus d’âme, plus d’altérité. Juste une belle conformité : penser pareil, consommer pareil, mourir pareil. Félicitations ! L’humanité a atteint son ultime objectif : l’adéquation parfaite de soi à soi. Plus besoin des autres. En fait, plus besoin de vous non plus.
La technique, notre ultime Dieu
Ah, la technique ! Ce sauveur, ce héros ! Elle promet de protéger nos corps, et elle le fait si bien qu’elle étouffe nos âmes. Plus besoin de réfléchir, la machine s’en charge. Plus besoin de vivre, elle optimise tout à votre place. Elle vous dit quoi manger, quoi penser, quand respirer. Soyez rassurés : elle n’échouera jamais, contrairement à vous.
Et maintenant ?
Alors, que reste-t-il ? Rien. Enfin si, une petite consolation : savoir que nous sommes tous seuls, ensemble, dans ce grand vide existentiel. Une communauté de solitudes, c’est beau, non ? Mais ne vous inquiétez pas, chers amis, il y a une solution : consommez plus, surtout vous-même. Après tout, nous avons bien vendu notre liberté ; pourquoi ne pas vendre nos derniers restes d’humanité ?
En attendant, installez-vous bien, laissez la machine faire son petit boulot. Et surtout, ne vous inquiétez pas : on a ajouté un filtre Snapchat, histoire que votre désespoir ait des oreilles de lapin.
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