“La Liberté guidant le Peuple” – L’impôt, entre justice et punition

La rédaction

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Publié le 3 mars 20256 min de lecture
“La Liberté guidant le Peuple” – L’impôt, entre justice et punition

Prologue : Le tribut des puissants


Il fut un temps où l’impôt n’était pas une question de chiffres, mais une affaire de souveraineté. Dans l’Antiquité, le tribut imposé aux peuples conquis symbolisait la domination de l’Empire sur ses sujets. Sous l’Ancien Régime, la dîme et la taille pesaient sur les paysans, tandis que les nobles et le clergé y échappaient, renforçant les tensions jusqu’à la Révolution.


Aujourd’hui, l’impôt est censé être l’instrument d’une redistribution équitable. Pourtant, un vieux réflexe demeure : taxer les puissants non pas pour optimiser les recettes de l’État, mais pour les punir d’être riches.


Là réside tout le paradoxe français.


D’un côté, nous exigeons que les élites créent de la richesse, financent des entreprises, paient des salaires et investissent dans l’innovation. De l’autre, nous leur faisons comprendre que leur réussite est suspecte et que leur fortune doit être amputée, encore et encore, au nom de la “justice sociale”.


C’est dans ce climat qu’émerge la taxe Zucman, une nouvelle tentative de ponctionner les plus riches non plus sur leurs revenus, mais directement sur leur patrimoine. Une taxe qui prétend rétablir l’équité… tout en oubliant les leçons de l’histoire.


Car l’histoire nous l’a appris : taxer toujours plus ne remplit jamais les caisses de l’État.

Chapitre 1 : La malédiction de la taxation punitive


Les grandes civilisations ont toujours eu leur forme de spoliation légalisée. Dans la Rome antique, les gouverneurs des provinces ponctionnaient à leur guise les populations locales, poussant les élites à cacher leur fortune ou à s’exiler. En France, les jacqueries et la Révolution française ont été en partie alimentées par l’injustice fiscale.


Mais ce qui nous intéresse ici, c’est une question plus technique : peut-on réellement financer l’État en surtaxant les riches ?


L’histoire économique est claire sur ce point : non.


En 1936, sous le Front populaire, une taxation de 40 % est instaurée sur les revenus les plus élevés. Résultat ? Moins de déclarations, plus d’exil fiscal et une baisse nette des recettes fiscales.


En 1981, Mitterrand pousse l’expérimentation plus loin avec un taux marginal à 65 % sur les hauts revenus. À nouveau, l’effet est immédiat : les recettes issues des plus riches chutent de 20 % en quelques années.


Et aux États-Unis ? Lorsque les taux d’imposition atteignaient 91 % sous Roosevelt, puis 70 % sous Carter, les revenus issus de l’impôt sur le revenu des plus riches ne dépassaient jamais 8 % du PIB.


Ce n’est que sous Reagan, en abaissant les taux et en simplifiant les tranches, que les recettes ont recommencé à augmenter. Parce que la fiscalité n’est pas une question de quantité, mais de comportement.


Un impôt excessif ne pousse pas les riches à payer davantage. Il les pousse à s’adapter.

Chapitre 2 : La courbe de Laffer – quand taxer tue l’impôt


Arthur Laffer a mis en évidence un principe fondamental : l’impôt a un seuil au-delà duquel il devient contre-productif.


La logique est simple :

• Si les impôts sont trop faibles, l’État ne collecte pas assez de recettes.

• Mais s’ils sont trop élevés, les contribuables modifient leur comportement : ils travaillent moins, optimisent davantage, fuient la fiscalité.


C’est ce qui s’est passé au Danemark, qui a connu une véritable désillusion fiscale. En croyant pouvoir augmenter ses rentrées en taxant davantage les hauts revenus, le pays a provoqué un exode et a fini par collecter moins d’impôts qu’avant.


Et en France ? Nous avons dépassé ce seuil depuis longtemps.


Aujourd’hui, 88 200 € de revenus annuels suffisent pour être considéré comme “riche”. C’est trois fois moins qu’aux États-Unis. Un cadre supérieur, un entrepreneur, un investisseur est directement ciblé.


Résultat ? Fuite des talents, délocalisation des investissements, baisse des recettes.


Il ne reste aujourd’hui que 30 000 contribuables déclarant plus d’un million d’euros par an en France. À force de les taxer, ils disparaissent.

Chapitre 3 : La taxe Zucman – une taxe sur l’existence même des riches


Jusqu’ici, l’impôt frappait les revenus et la consommation. Avec la taxe Zucman, un nouveau cap est franchi : taxer directement la possession de richesse.


En clair, même si votre fortune ne génère pas de revenus cette année, vous paierez quand même.


Mais taxer le patrimoine, c’est détruire la capacité d’investissement des grandes fortunes. Car un patrimoine n’est pas une somme d’argent liquide : il est investi dans des entreprises, des projets, des biens productifs.


Exemple concret :

• Un entrepreneur qui possède une entreprise valorisée à 10 millions d’euros devra payer des centaines de milliers d’euros de taxe Zucman, même s’il ne génère pas un seul euro de bénéfice cette année.

• La seule solution pour lui ? Vendre une partie de son entreprise pour payer l’impôt.

• Et ainsi, année après année, les entrepreneurs sont forcés de vendre leurs actifs, réduisant leur capacité à créer de la richesse.


Cette taxe est en réalité un impôt sur l’avenir. Elle force les détenteurs de capitaux à liquider progressivement leur patrimoine pour survivre fiscalement.


C’est exactement ce qui s’est produit avec l’ISF. En taxant la fortune des contribuables, l’État a poussé des milliers de Français à s’expatrier. Résultat ? Moins de recettes fiscales, moins d’investissements, moins d’emplois.


Et pourtant, la leçon n’a toujours pas été retenue.

Chapitre 4 : L’impôt comme arme politique


Si ces politiques fiscales échouent à chaque fois, pourquoi continuent-elles à être promues ?


Parce que l’impôt n’est plus seulement un outil de financement de l’État. Il est devenu un instrument de contrôle idéologique.


L’objectif n’est plus d’optimiser les recettes fiscales, mais de désigner des coupables :

• “Les riches doivent payer leur juste part.”

• “Les inégalités doivent être réduites à tout prix.”

• “Le patrimoine excessif est une injustice en soi.”


Dans cette logique, il ne s’agit pas tant de collecter des fonds que d’envoyer un message : vous ne pouvez pas être riche sans être suspect.


Mais cette politique a un coût. Et ce coût, c’est l’exode des talents, la fuite des investissements, la baisse des recettes fiscales.


À terme, il ne restera plus rien à taxer.

Épilogue : L’éternel cycle de la fiscalité punitive


L’histoire nous enseigne une chose : les civilisations qui prospèrent sont celles qui favorisent la création de richesse, pas celles qui la punissent.


La Suisse l’a compris. Singapour l’a compris. L’Irlande l’a compris.


La France, elle, persiste à considérer que l’impôt est une fin en soi.


Mais il arrivera un jour où la réalité économique reprendra ses droits. Où l’exode fiscal deviendra si massif que l’État lui-même sera contraint de revoir sa copie.


Et alors, il ne restera qu’une question : fallait-il vraiment sacrifier la prospérité sur l’autel de la jalousie fiscale ?

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