Comment virer 80 % des fonctionnaires pourrait sauver l’Amérique… et ruiner l’Europe

La rédaction

La rédaction

Publié le 10 novembre 2024
Comment virer 80 % des fonctionnaires pourrait sauver l’Amérique… et ruiner l’Europe

Alors que Trump est de retour au pouvoir, Elon Musk, figure emblématique de la Silicon Valley et entrepreneur visionnaire, est propulsé dans le cercle stratégique de cette nouvelle administration. Bien que leur alliance ait été un atout en campagne, leur collaboration future soulève des questions, surtout depuis la proposition audacieuse de Musk de créer le “Department of Government Efficiency” (DOGE). Ce ministère inédit aurait pour mission de tailler dans les dépenses fédérales pour réduire drastiquement le déficit budgétaire américain, une tâche titanesque que Musk aborde avec une vision brutale : licencier jusqu’à 80 % des effectifs fédéraux pour alléger la bureaucratie. Son ambition ? Mettre fin à la “machine à imprimer de la dette” qui alimente l’inflation et menace la stabilité économique des États-Unis.


Mais qu’est-ce que cela implique ?


1. Un plan musclé pour réduire le déficit : Musk à la tête de la “cure d’amaigrissement” fédérale


Musk, qui a réussi dans ses entreprises privées à rationaliser les effectifs et les coûts, propose une approche similaire pour l’État. Son point de départ est simple : la bureaucratie américaine est obèse, et elle coûte cher. Chaque année, le déficit budgétaire américain dépasse les 2 000 milliards de dollars. Pour Musk, l’origine de ce déficit est claire : des dépenses non couvertes par les recettes fiscales et financées par la dette. Sa solution ? Couper dans le vif en supprimant les postes inutiles dans l’administration fédérale.


Étude de cas : L’expérience Twitter


Quand Musk a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars, il n’a pas hésité à réduire les effectifs de 7 500 à 1 875 employés, soit une coupe de 75 % en quelques semaines. Il a viré en masse les “chief happiness officers”, les responsables de la diversité et d’autres fonctions administratives jugées non essentielles pour garder uniquement les développeurs et techniciens. Malgré cette purge, la plateforme a continué de fonctionner et même de croître en nombre d’utilisateurs, un fait que Musk brandit comme preuve que sa méthode fonctionne.


Musk voit d’ailleurs cette approche comme applicable au gouvernement américain, qu’il compare à ses expériences dans le privé. Pour lui, 75 % des effectifs de l’administration fédérale pourraient être éliminés sans nuire aux services. En chiffres concrets, cela représenterait une économie de près de 750 milliards de dollars par an, soit la moitié du déficit fédéral actuel.


2. L’inflation et la dette publique : le risque de la “planche à billets”


Musk n’hésite pas à pointer du doigt la politique monétaire américaine actuelle comme la source principale de l’inflation. Depuis la crise du COVID-19, la Réserve fédérale a injecté des milliers de milliards de dollars dans l’économie, faisant exploser la masse monétaire et nourrissant ainsi l’inflation. Musk prend pour exemple l’Argentine, qui subit les effets d’une hyperinflation galopante avec des taux annuels dépassant les 120 % en 2023, conséquence directe d’une dépendance excessive à la planche à billets.


Chiffres clés à retenir :


• En 2023, le déficit américain dépasse les 1 700 milliards de dollars, soit plus de 7 % du PIB américain.


• La dette publique est aujourd’hui estimée à 33 000 milliards de dollars, équivalant à plus de 125 % du PIB américain.


• La masse monétaire a augmenté de 40 % depuis 2020, entraînant une inflation qui a atteint jusqu’à 8 % en 2022, un record en 40 ans.


Selon Musk, cette spirale ne peut se résoudre qu’en réduisant drastiquement les dépenses de l’État pour mettre fin à cette inflation.


3. Révolution dans l’éducation : Trump s’inspire du modèle suisse


Un autre sujet de tension entre Trump et Musk est la décentralisation de l’éducation. Inspiré par le modèle suisse, Trump a évoqué l’idée de transférer la gestion de l’éducation aux États fédérés, qui en assumeraient alors la responsabilité. En Suisse, cette approche permet de réduire les coûts administratifs et d’allouer les ressources plus efficacement.


Comparaison chiffrée :


• Aux États-Unis, les dépenses en éducation représentent 6 % du PIB, soit environ 1 200 milliards de dollars annuels.


• En Suisse, chaque canton gère son propre système éducatif, ce qui permet une plus grande flexibilité et une meilleure adaptation aux besoins locaux. Le coût par élève dans le privé est ainsi 30 à 50 % inférieur par rapport au public.


Trump propose ainsi de réduire de 50 % les dépenses fédérales en éducation, ce qui permettrait d’économiser jusqu’à 600 milliards de dollars par an.


4. Les États-Unis, nouvelle terre promise pour l’industrie ? Un cauchemar pour l’Europe !


L’Union européenne pourrait être la grande perdante de cette stratégie d’austérité américaine. En attirant des industries grâce à une énergie moins chère et un environnement fiscal allégé, les États-Unis, et notamment des États comme le Texas, sont devenus une destination privilégiée pour les entreprises européennes. Si les États-Unis investissent dans l’énergie nucléaire, les industries européennes pourraient faire face à une véritable hémorragie.


Facteurs d’attractivité aux USA :


• Le prix de l’électricité au Texas est en moyenne deux fois moins cher qu’en Europe.


• Les réglementations sont plus souples, et la main-d’œuvre est flexible, ce qui réduit les coûts d’implantation.


• Des entreprises comme BASF ont déjà déplacé une partie de leur production vers les États-Unis en raison des coûts énergétiques élevés en Europe.


Si les États-Unis relancent leur économie grâce à une énergie compétitive, l’Europe pourrait se retrouver en difficulté pour maintenir sa compétitivité.


5. Dollar fort, taux d’intérêt et la fin de l’illusion européenne


Si les dépenses fédérales diminuent et que la croissance américaine s’accélère, les taux d’intérêt américains de long terme devraient augmenter en réponse à cette nouvelle croissance. Cela renforcerait l’attractivité du dollar face à l’euro et creuserait encore l’écart entre les deux zones monétaires.


Chiffres prévisionnels :


• Le taux d’intérêt à 10 ans pourrait monter au-delà de 6 % si la croissance américaine suit le plan Musk-Trump.


• En comparaison, la zone euro, engluée dans une croissance faible, peinerait à offrir des taux supérieurs à 3 %, rendant les investissements en dollars plus attractifs.


Ce contexte créerait une fuite des capitaux européens vers les États-Unis, affaiblissant encore la monnaie européenne.


6. La politique étrangère : Ukraine, reconstruction et les enjeux économiques pour l’Europe


Trump a promis de mettre fin au conflit en Ukraine en quelques heures, une affirmation qui soulève de nombreuses interrogations. Selon les observateurs, cela pourrait impliquer un compromis avec la Russie et la validation des gains territoriaux. Si la guerre prend fin, la reconstruction de l’Ukraine nécessiterait des financements colossaux, avec les États-Unis en position dominante pour capter ces investissements.


Conséquences économiques :


• La reconstruction de l’Ukraine pourrait représenter un marché de 300 à 1 000 milliards de dollars.


• Trump, pragmatique, pourrait conditionner ces investissements à des contrats d’infrastructure pour les entreprises américaines, renforçant ainsi l’influence des États-Unis en Europe de l’Est.


Conclusion : Une Amérique renforcée, une Europe affaiblie ?


Le retour de Trump et l’ascension de Musk dans l’appareil d’État américain annoncent un bouleversement majeur. En rationalisant la bureaucratie, en réindustrialisant le pays grâce à une énergie compétitive et en attirant les capitaux mondiaux, les États-Unis pourraient bien retrouver leur statut de moteur économique mondial. Cependant, l’impact de cette stratégie pourrait être catastrophique pour l’Europe, qui voit déjà ses industries et ses capitaux fuir vers les États-Unis.


Si ce plan réussit, l’écart entre l’Europe et les États-Unis pourrait se creuser, rendant la zone euro de plus en plus vulnérable. En tant qu’investisseur, il pourrait être sage de diversifier vos actifs et de reconsidérer les monnaies que vous détenez. Pour ma part, cela fait longtemps que j’ai renoncé aux euros, et ce scénario ne fait que renforcer mes choix.

À lire aussi.