L’abandon des luttes ESG : le retour du pragmatisme local

Les récents événements dans le monde de la finance mondiale marquent un tournant : plusieurs géants de la gestion d’actifs, comme BlackRock, Vanguard, Goldman Sachs et JP Morgan, se retirent progressivement des alliances climatiques, comme l’a rapporté Les Échos dans un article percutant. BlackRock a récemment quitté l’Alliance des gestionnaires d’actifs pour le climat (Net Zero Asset Managers Initiative), un coup dur pour les ambitions de la finance verte. Ce désengagement massif soulève une question fondamentale : les efforts pour atteindre un consensus mondial sur les enjeux climatiques et sociaux sont-ils voués à l’échec ?
Les limites des initiatives ESG et climatiques à l’échelle mondiale
Les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ont été au cœur des stratégies de nombreuses entreprises et institutions financières ces dernières années. Pourtant, les résistances politiques, notamment au Texas, où des lois anti-ESG se multiplient, démontrent que ces initiatives ne font pas consensus. À mesure que les débats sur la neutralité carbone deviennent de plus en plus polarisés, on assiste à un effondrement progressif des engagements globaux.
Pourquoi cet échec ?
1. Incapacité de coopération mondiale : L’histoire montre que l’Homme a toujours échoué à coopérer à grande échelle sans un cadre spontané et incitatif. Les initiatives imposées par des accords politiques sont souvent fragiles et divisées.
2. Manque de viabilité économique : La contrainte ESG, bien qu’elle réponde à des enjeux de long terme, engendre des coûts immédiats pour les entreprises. Cela les pousse à se désengager face à des pressions économiques, surtout dans un contexte inflationniste.
3. Rejet culturel et politique : Aux États-Unis, les campagnes contre les politiques ESG sont devenues un étendard pour la droite conservatrice. Le Texas, par exemple, a légiféré pour exclure les entreprises qui se conformaient aux standards ESG des marchés publics. Cette politisation du climat rend tout consensus impossible.
Une lutte vouée à l’échec ?
Si l’on analyse l’histoire des grands mouvements internationaux, il est évident que les efforts coordonnés et forcés échouent régulièrement à atteindre leurs objectifs. Les luttes climatiques ne semblent pas échapper à cette règle. Les États-Unis, qui restent la première économie mondiale, ont clairement donné le ton en recentrant les décisions économiques sur des critères pragmatiques et locaux, au détriment des ambitions globales.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
• La gestion d’actifs durable a chuté de 15 % en 2023, selon une étude de Morningstar.
• Les fonds ESG représentaient encore 2,5 billions de dollars en 2022, mais leur croissance ralentit considérablement face aux désinvestissements.
• Au Texas, les lois anti-ESG pourraient représenter des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars pour des acteurs comme BlackRock ou Vanguard, qui sont contraints de réorienter leurs portefeuilles.
Ces exemples illustrent une tendance claire : l’incapacité des grandes puissances à trouver une solution commune face à une crise mondiale.
Le retour au pragmatisme et aux solutions locales
Le pronostic pour 2025 est simple : les initiatives globales comme les critères ESG ou les accords sur le climat seront peu à peu abandonnés au profit de solutions pragmatiques, adaptées aux réalités locales. Aux États-Unis, cette approche est déjà caricaturée comme un retour au “chacun pour soi”, mais il ne s’agit en réalité que d’un pragmatisme libéral. En laissant les marchés libres s’autoréguler, on pourrait voir émerger des solutions bien plus efficaces que les politiques climatiques actuelles, souvent perçues comme idéologiques et coûteuses.
La France, encore en retard ?
Comme souvent, la France tarde à comprendre les signaux envoyés par les États-Unis. On persiste dans l’illusion que la solution viendra d’une planification centralisée, d’un “pilotage intelligent” de l’économie par l’État. Pourtant, les résultats de ces politiques ne sont pas au rendez-vous. Pendant que les États-Unis avancent avec une économie flexible, nous restons prisonniers d’un carcan idéologique. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous réalisions : “Ils sont toujours en avance, ces Américains.”
Conclusion
Les luttes globales contre le réchauffement climatique et pour la mise en place de standards ESG sont en déclin, et ce, pour de bonnes raisons. L’Homme est incapable de coopérer efficacement à l’échelle mondiale sans des incitations spontanées. Les solutions viendront des marchés libres et d’initiatives locales, où le pragmatisme prendra le pas sur l’idéologie. Ce basculement inévitable est déjà en marche, et il redéfinit les priorités économiques et sociales des décennies à venir. Soyons prêts à en tirer les leçons.
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