Récemment, Valérie Pécresse a suscité le débat en affirmant dans un tweet que l’État français devait se concentrer sur trois missions essentielles : éduquer, protéger et soigner, tout en « lâchant prise » sur le reste. Si cette idée semble raisonnable, elle repose sur l’hypothèse que l’État est capable de gérer efficacement ces trois secteurs. Pourtant, les faits montrent que, dans la plupart des cas, l’État français, avec sa bureaucratie lourde et inefficace, est souvent un mauvais gestionnaire. Faut-il repenser ces missions en laissant une partie de la gestion à des acteurs privés, tout en maintenant un financement public progressif ? Examinons cette question avec des exemples chiffrés et des comparaisons internationales.
L’Éducation : Un Monopole Qui Stagne
L’éducation est l’un des piliers du service public en France. Chaque année, le ministère de l’Éducation nationale gère un budget colossal : pour 2024, il s’élève à 59,6 milliards d’euros, représentant environ 21% du budget de l’État. Malgré ces sommes colossales, les résultats sont décevants. En 2019, le classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) classait la France 26e sur 79 pays, loin derrière des nations comparables comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas.
Un autre chiffre révélateur concerne le taux d’abandon scolaire : 100 000 élèves sortent chaque année du système scolaire français sans diplôme. Cet échec massif, malgré les moyens alloués, démontre les lacunes du modèle centralisé. À titre de comparaison, des pays comme la Finlande (souvent citée en exemple pour son système éducatif) adoptent un modèle plus décentralisé où les écoles jouissent d’une plus grande autonomie, tout en restant financées par l’État. En Finlande, le taux de décrochage scolaire est inférieur à 5%, contre environ 10% en France.
En optant pour une gestion privée sous financement public, la France pourrait s’inspirer de modèles comme celui des charter schools aux États-Unis. Ces écoles, bien qu’elles soient privées, sont financées par l’État et doivent répondre à des standards de performance stricts. Résultat ? Un meilleur taux de réussite dans certains quartiers défavorisés où les écoles publiques échouaient. Cela montre qu’un modèle hybride, où l’État finance mais ne gère pas directement, peut améliorer les résultats sans augmenter les inégalités.
La Protection : Entre Inefficacité et Dilution des Responsabilités
En matière de sécurité, la France fait face à une crise. En 2023, les statistiques montrent que les violences contre les personnes ont augmenté de +8%, tandis que les cambriolages ont augmenté de +5%. Le budget de la police et de la gendarmerie nationale a été renforcé pour atteindre 23 milliards d’euros en 2024, mais cela ne semble pas suffisant pour faire face à une insécurité croissante et à une saturation des services publics.
Un exemple frappant est celui de Marseille, où les quartiers sensibles connaissent un taux de criminalité bien supérieur à la moyenne nationale, malgré des moyens supplémentaires. Les forces de l’ordre sont débordées, et la réponse de l’État est souvent tardive et inadéquate. À l’inverse, des pays comme la Suisse adoptent un modèle plus flexible. Là-bas, la sécurité de certaines infrastructures publiques (comme les transports en commun) est déléguée à des entreprises privées, tout en restant sous la supervision de l’État. Cela permet une gestion plus agile et ciblée.
En France, on pourrait imaginer que certaines missions de sécurité – comme la surveillance des lieux publics ou la gestion des événements – soient déléguées à des entreprises privées, sous la tutelle de l’État. Par exemple, lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, la France a déjà fait appel à des sociétés privées pour gérer la sécurité de certains sites, ce qui montre que cette approche est non seulement possible, mais nécessaire pour assurer une efficacité maximale.
La Santé : Un Système À Bout de Souffle
Le système de santé français, autre pilier de la gestion étatique, traverse une crise profonde. Malgré un budget annuel de 246 milliards d’euros en 2023 (soit 11,3% du PIB), les hôpitaux publics sont en grande difficulté.
En 2022, 20% des lits des services de soins intensifs étaient fermés en raison de la pénurie de personnel, et les temps d’attente aux urgences dépassent souvent les 4 heures, selon les chiffres du ministère de la Santé.
Comparons cela avec l’Allemagne. Là-bas, environ 60% des hôpitaux sont gérés par des acteurs privés ou associatifs, mais restent financés par le système d’assurance public. Cette gestion décentralisée a permis à l’Allemagne de mieux faire face aux crises sanitaires, notamment lors de la pandémie de COVID-19, où le pays disposait d’une plus grande capacité hospitalière. En 2020, l’Allemagne avait 34 lits de soins intensifs pour 100 000 habitants, contre seulement 17 en France.
Pourquoi ne pas adopter un modèle similaire ? Les hôpitaux pourraient être gérés par des entreprises privées ou des associations, sous contrat avec l’État, avec des objectifs clairs de performance et des critères de qualité stricts. Le financement resterait progressif, basé sur les revenus de chacun, mais la gestion serait plus souple et réactive.
Des Exemples Concrets : L’Efficacité du Modèle Public-Privé
D’autres exemples internationaux montrent que l’intervention d’acteurs privés peut améliorer l’efficacité des services publics, sans pour autant sacrifier l’équité.
• Suède : Dans le domaine de la santé, la Suède a introduit des réformes dans les années 1990, permettant à des entreprises privées de gérer certaines cliniques et hôpitaux, tout en maintenant un financement public universel. Résultat ? Un accès plus rapide aux soins, et des coûts de gestion réduits. Par exemple, en 2019, le coût moyen d’un passage aux urgences était de 35% inférieur à celui observé dans les hôpitaux français.
• Pays-Bas : Le système éducatif néerlandais repose sur un principe de « liberté d’enseignement ». Près de 70% des écoles sont privées, mais subventionnées par l’État. Les parents peuvent choisir l’école de leurs enfants, qu’elle soit publique ou privée. Ce système a permis de maintenir un niveau élevé d’éducation tout en respectant le principe d’égalité des chances, avec un taux d’abandon scolaire de seulement 8%.
Conclusion : L’État, Un Mauvais Gestionnaire ?
L’exemple de Valérie Pécresse, qui souhaite que l’État se concentre sur trois missions fondamentales, repose sur une conception idéale du rôle de l’État. Cependant, les faits montrent que, dans ces trois domaines – éducation, sécurité et santé – l’État français échoue souvent à assurer une gestion efficace. En se concentrant uniquement sur le financement et la régulation, et en déléguant la gestion quotidienne à des entreprises privées sous contrat, la France pourrait gagner en efficacité, tout en maintenant l’égalité d’accès aux services.
Le financement public reste essentiel pour garantir que chacun contribue selon ses moyens. Mais la gestion des ressources humaines et matérielles doit être confiée à des structures plus flexibles et réactives, capables d’innover et d’optimiser les résultats. L’État doit rester garant de l’équité, mais reconnaître ses limites en tant que gestionnaire.
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