Investir au Maroc : Opportunité ou Mirage avant 2030 ?

La rédaction

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Publié le 12 décembre 20245 min de lecture
Investir au Maroc : Opportunité ou Mirage avant 2030 ?

La Coupe du Monde 2030 est présentée comme une aubaine pour le marché immobilier marocain. Mais est-ce réellement le moment de s’engager ou une illusion passagère orchestrée par la spéculation ?


1. Le marché actuel : Où en sommes-nous en 2024 ?


Les chiffres récents (Bank Al-Maghrib, ANCFCC 2024)

Prix des actifs immobiliers : Stagnation à +0,5 % pour les terrains et stabilité pour le résidentiel. Cependant, une baisse de 0,6 % sur un an dans les biens résidentiels laisse entrevoir un ralentissement global.

Transactions immobilières : Chute de 8,2 % au deuxième trimestre 2024, marquée par une baisse de 6,7 % dans le résidentiel, 10,2 % dans les terrains, et 15,9 % dans les biens professionnels.


Ces chiffres montrent un marché immobilier en phase de transition, marqué par une faible dynamique des transactions et une demande en recul. Ce contexte offre une opportunité rare d’acquérir des biens à des prix potentiellement inférieurs à leur valeur réelle.


Analyse critique : Sous-évaluation temporaire


Le ralentissement actuel du marché est à double tranchant :

Avantage : Les acheteurs peuvent négocier des prix attractifs dans un marché qui se prépare à une hausse spéculative.

Risque : Si les infrastructures post-Coupe du Monde ne soutiennent pas la croissance économique, les prix pourraient stagner ou chuter après l’événement.


👉 Conclusion : Le marché actuel est favorable aux investisseurs stratégiques, mais uniquement dans des zones où les fondamentaux économiques sont solides.


2. Impact prévu de la Coupe du Monde 2030 : Quel est le vrai potentiel ?


Les investissements planifiés

52 milliards de dirhams (5 milliards USD) seront investis pour moderniser les stades, les infrastructures de transport et les installations touristiques.

• Les villes clés incluent Casablanca, Marrakech, Tanger, Rabat et Agadir.


Les leçons des précédentes Coupes du Monde

1. Afrique du Sud 2010 :

• Hausse des prix immobiliers de 10 à 15 % avant l’événement.

• Retour à la normale (voire baisse) des prix dans les 2 ans suivant la Coupe.

• Endettement public aggravé sans bénéfices économiques durables.

2. Brésil 2014 :

• Croissance limitée à 5 % des prix dans les zones directement touchées par l’événement.

• Forte correction des prix dans les 3 ans suivants (jusqu’à -30 % dans certaines régions).

3. Russie 2018 :

• Hausse localisée dans les quartiers proches des stades et des infrastructures clés.

• Aucun effet significatif sur le marché immobilier national.


Analyse critique : Un catalyseur temporaire


La Coupe du Monde aura un impact, mais il sera concentré dans les villes directement impliquées, comme Casablanca, Marrakech et Tanger. Le véritable défi sera de transformer ces infrastructures en moteurs économiques durables.


👉 Conclusion : L’événement peut créer une hausse temporaire des prix, mais seul un investissement dans des zones à forte demande structurelle (pas uniquement événementielle) garantit une valeur durable.


3. Où et comment investir ? Une analyse régionale approfondie


Casablanca : La stabilité avant tout

Quartiers : Maarif, Anfa, CIL.

Atouts :

• Centre économique du Maroc avec une forte demande locative.

• Rendement locatif net estimé à 5-7 % pour les biens haut de gamme.

Risque : Saturation possible dans les segments moyens de gamme.


Marrakech : Le pari touristique

Quartiers : Hivernage, Guéliz, Palmeraie.

Potentiel de hausse : +10-15 % d’ici 2030.

Atouts :

• Ville touristique avec des rendements locatifs saisonniers élevés (Airbnb).

• Forte demande de la part des investisseurs étrangers.

Risque :

• Une dépendance excessive au tourisme pourrait limiter la croissance après 2030.


Tanger : Le hub logistique

Quartiers : Malabata, Marchan.

Tendance : Hausse continue de 6 % par an, liée au développement de Tanger Med.

Atouts :

• Infrastructure portuaire stratégique.

• Proximité avec l’Europe.

Risque :

• Impact indirect de la Coupe du Monde, avec une dynamique plus industrielle que résidentielle.


Rabat et Agadir : Les outsiders

Rabat : Stabilité et potentiel locatif dans des quartiers haut de gamme.

Agadir : Marché en développement, principalement pour des projets touristiques.


4. Risques majeurs : Les pièges à éviter


1. Sur-spéculation immobilière


L’anticipation de la Coupe du Monde pourrait créer une bulle, avec une hausse artificielle des prix suivie d’une correction brutale après l’événement.


2. Endettement public


Le Maroc devra gérer un endettement croissant (actuellement à 70 % du PIB). Cela pourrait peser sur l’économie et indirectement sur le marché immobilier.


3. Dépendance au tourisme


Un marché trop centré sur le tourisme risque de manquer de résilience en cas de crises économiques ou sanitaires.


5. Perspectives économiques à long terme


Les points positifs

• Le développement des infrastructures pourrait améliorer la connectivité et la productivité des grandes villes.

• La diversification économique (logistique, énergie renouvelable) soutient une croissance à long terme.


Les points d’attention

• L’efficacité de l’utilisation des infrastructures post-Coupe sera cruciale.

• La gouvernance et la gestion des projets publics joueront un rôle déterminant dans l’impact économique global.


Conclusion : Faut-il investir au Maroc ?


“Un bon investissement repose sur la clarté des fondamentaux, pas sur les illusions d’un événement unique.”

Voici les clés pour prendre une décision éclairée :

1. Achetez maintenant (2024-2025) : Le ralentissement actuel offre une opportunité rare de négocier des prix compétitifs avant une hausse potentielle due à la spéculation.

2. Ciblez les zones dynamiques : Casablanca pour la stabilité, Marrakech pour les rendements locatifs élevés, Tanger pour le développement logistique.

3. Restez prudent : Ne surpayez pas pour des biens dans des zones surestimées uniquement en raison de l’événement.

4. Pensez long terme : Investissez dans des projets avec une demande durable, au-delà de la Coupe du Monde.


Sources :

• Bank Al-Maghrib, Indice des prix des actifs immobiliers (2024).

• ANCFCC, Rapport trimestriel sur les transactions immobilières (2024).

• Étude de la Banque mondiale sur l’impact économique des Coupes du Monde.

• Archimmo.fr, Analyse des marchés immobiliers marocains (2024).

• Le360.ma, Estimation des coûts de la Coupe du Monde 2030 (2024).

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