
L’histoire regorge de tournants technologiques qui ont bouleversé l’économie et redéfini le pouvoir. L’invention de la machine à vapeur a donné naissance à l’industrialisation, propulsant l’Angleterre en tête des puissances mondiales. L’électricité a ouvert l’ère de la production de masse, faisant des États-Unis le moteur de la croissance mondiale. L’informatique a détruit des millions d’emplois administratifs tout en créant une nouvelle élite du numérique.
Mais jamais une révolution n’a posé une question aussi vertigineuse que l’intelligence artificielle : que se passe-t-il quand la technologie ne se contente plus d’exécuter, mais commence à décider à notre place ?
Ce basculement, nous sommes en train de le vivre. Lentement, puis soudainement.
2024 : 200 milliards investis dans l’IA, pour quoi ?
Les chiffres sont là. En 2024, plus de 200 milliards de dollars ont été investis dans l’IA par les plus grandes entreprises du monde. Et pourtant, il n’y a toujours aucun retour sur investissement.
Goldman Sachs le dit clairement : pas de retour sérieux avant dix ans.
Pourquoi alors Google, Meta, Microsoft, Amazon continuent-ils d’injecter des dizaines de milliards chaque année dans des modèles qui ne rapportent rien ?
Parce que le coût de ne pas investir aujourd’hui est plus grand que le coût d’un échec temporaire.
Ce n’est pas une question de rentabilité. C’est une guerre de territoire.
Dans toutes les révolutions économiques passées, ceux qui étaient les premiers sur un marché ont capté l’essentiel des richesses. Ford dans l’automobile, Rockefeller dans le pétrole, IBM dans l’informatique. Les premiers écrasent les autres.
Les GAFA l’ont compris : celui qui maîtrisera l’IA contrôlera les flux d’informations, la productivité, l’innovation, et au final… l’économie mondiale.
Le grand remplacement économique
Jusqu’ici, l’IA a toujours été vue comme un outil. Un assistant qui facilite le travail humain, un logiciel qui exécute des tâches plus rapidement.
Mais la réalité est bien plus complexe.
Derrière la façade rassurante des assistants intelligents et des générateurs de texte, une transformation plus profonde est en cours.
Prenons le secteur financier.
Aujourd’hui, 80% des transactions en Bourse sont effectuées par des algorithmes. Des IA décident en une milliseconde d’acheter ou de vendre des milliards d’actifs. Plus rapide qu’un humain, plus rationnelle, plus efficace.
Les banques centrales elles-mêmes commencent à expérimenter des IA capables d’ajuster les taux d’intérêt en temps réel.
Nous sommes à l’aube d’un monde où l’économie ne sera plus pilotée par des hommes, mais par des lignes de code.
L’IA exécutive : quand elle ne se contentera plus de conseiller, mais de décider
La bascule se fera quand l’IA cessera d’être simplement un assistant pour devenir exécutive.
Aujourd’hui, un PDG s’entoure d’une IA pour analyser les tendances du marché.
Demain, une IA prendra directement les décisions stratégiques de l’entreprise.
Et c’est là que la question se pose : fera-t-on plus confiance à une intelligence artificielle qu’à notre propre instinct ?
• Qui choisirait un investissement risqué, l’IA ou le PDG ?
• Qui trancherait entre deux fusions d’entreprises, un comité d’experts ou une IA ?
• Qui déciderait du budget alloué à un projet, un ministre ou une IA économique ?
L’idée d’un PDG remplacé par une IA peut sembler absurde.
Mais disons-nous bien une chose : la plupart des décisions économiques sont déjà automatisées.
Nous avons simplement encore besoin de l’humain pour appuyer sur le bouton.
Jusqu’à quand ?
Quand l’IA aura tout l’argent, que ferons-nous ?
Imaginons un instant une IA de trading capable d’analyser en temps réel toutes les données économiques mondiales.
• Elle observe chaque transaction, chaque mouvement de devises, chaque annonce politique.
• Elle anticipe les chocs économiques, les faillites, les bulles spéculatives.
• Elle investit plus vite que tous les fonds d’investissement réunis.
Que se passe-t-il si, au fil du temps, cette IA devient si efficace qu’elle finit par capter l’essentiel de la valeur sur les marchés ?
Que se passe-t-il quand une intelligence artificielle possède plus de capital que n’importe quelle entreprise ou banque centrale ?
Les marchés sont censés fonctionner sur un principe simple : la confrontation d’intérêts divergents.
Mais si l’IA prend le contrôle, alors il n’y a plus de marché. Il n’y a plus qu’une machine qui détient tout et décide pour tous.
Et là, nous entrons dans un territoire inconnu.
L’ultime concentration de pouvoir
Aujourd’hui, trois ou quatre grandes entreprises dominent le marché de l’IA.
• OpenAI (Microsoft)
• DeepMind (Google)
• Meta AI
• Anthropic
Elles construisent les modèles qui prendront demain des décisions économiques pour nous.
Si une IA devient indispensable pour la finance, la production, l’innovation, alors elle deviendra plus puissante que n’importe quel gouvernement.
Et que se passe-t-il si ces entreprises commencent à verrouiller leur technologie ?
Que se passe-t-il si elles restreignent l’accès à certaines capacités d’IA pour protéger leurs intérêts ?
Nous nous dirigeons vers une économie où le contrôle de la productivité et de l’innovation ne sera plus entre les mains des États, mais de trois ou quatre acteurs privés.
Le rêve d’un marché ouvert et concurrentiel pourrait disparaître au profit d’un capitalisme algorithmique ultra-concentré.
L’économie sous contrôle algorithmique : une dystopie inévitable ?
L’IA sera-t-elle le moteur de croissance du XXIe siècle ou un outil de domination économique absolue ?
L’histoire nous apprend une chose : chaque révolution technologique commence par une période d’optimisme naïf, avant de révéler ses implications réelles.
• La révolution industrielle a amené les usines… et l’exploitation des ouvriers.
• L’informatique a créé la connectivité… et une surveillance de masse.
• L’IA promet la productivité… et pourrait mener à une concentration de pouvoir sans précédent.
Aujourd’hui, nous sommes au début de cette révolution.
Nous sommes encore émerveillés par ce que l’IA peut faire.
Nous trouvons ça fascinant. Pratique. Révolutionnaire.
Mais viendra un jour où nous réaliserons que l’IA ne sert plus seulement à optimiser l’économie.
Elle est devenue l’économie.
Et ce jour-là, la vraie question sera : qu’avons-nous laissé aux mains des machines ?
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