
C’est une scène à laquelle nous sommes désormais habitués : une entreprise française d’envergure internationale décide de réduire la voilure, non par choix, mais par nécessité. Cette fois, c’est Canal+, fleuron de l’audiovisuel, qui annonce le retrait de ses chaînes payantes de la TNT à compter de juin 2025. Derrière cette décision se cache une histoire révélatrice des maux profonds qui gangrènent l’économie française.
Canal+, ou l’écho d’un modèle à bout de souffle
Le groupe Canal+, acteur majeur du paysage audiovisuel européen et premier financeur du cinéma français, a été poussé à revoir ses ambitions sur la TNT. En cause : une série de décisions réglementaires et fiscales qui entravent son activité en France. Parmi elles, l’augmentation de la taxe versée au Centre National du Cinéma (CNC), des menaces sur le taux de TVA appliqué à ses services, et le coup de grâce : le retrait de la fréquence TNT de C8, décidé par l’Arcom.
Ces mesures, prises dans un contexte déjà compliqué pour les médias traditionnels face à l’essor des plateformes numériques, ont achevé de déséquilibrer l’équation économique des chaînes payantes de Canal+. Pour le groupe, la solution est claire : s’éloigner de la TNT, un mode de diffusion qui ne correspond plus ni aux attentes des consommateurs, ni à une stratégie viable face à ces contraintes.
Le poids d’un État omniprésent
Au-delà du cas de Canal+, cette décision reflète un problème structurel plus large. La France, bien que riche d’entreprises et de talents, continue de s’acharner sur ses forces vives par des taxes excessives et des réglementations contraignantes. La charge fiscale croissante imposée par le CNC est un exemple éloquent. Créée pour soutenir le cinéma français, cette institution repose sur un financement imposé à des diffuseurs comme Canal+, sans considération pour leur équilibre économique.
Mais ce n’est pas tout. À chaque crise ou défi économique, l’État choisit d’alourdir davantage le fardeau des entreprises plutôt que de rationaliser son propre fonctionnement. Dans ce modèle, l’innovation, la création et l’audace entrepreneuriale se retrouvent étouffées par une bureaucratie tentaculaire.
Un signal d’alarme pour l’avenir
Le départ de Canal+ de la TNT est une leçon que nous devrions entendre : la France ne peut plus continuer à étouffer ses moteurs économiques. Ce retrait pourrait bien être le premier d’une série d’ajustements similaires, à mesure que d’autres entreprises envisageront de réduire leurs activités sur le territoire national pour préserver leur compétitivité.
Dans cette époque où la vitesse et la flexibilité sont essentielles, la France s’accroche à des structures obsolètes et des institutions dont l’utilité mérite d’être interrogée. Pourquoi ne pas repenser le CNC, réduire son financement ou même envisager sa suppression, afin de libérer des marges de manœuvre pour les acteurs du secteur ? À quoi sert de financer le cinéma si ceux qui le font vivre ne peuvent plus respirer ?
Une France à réinventer
Canal+ ne se détourne pas de la France par choix mais par contrainte. Et cela, au fond, est peut-être ce qui devrait nous alerter le plus. À force de voir nos entreprises fuir ou réduire leurs activités, nous risquons de perdre bien plus qu’une chaîne de télévision : c’est l’idée même d’un écosystème économique vibrant et pérenne qui s’efface. Canal+, hier pionnier de l’audiovisuel, devient aujourd’hui le témoin silencieux d’un modèle qui vacille.
Ne laissons pas cette alerte sans réponse. Il est encore temps de repenser nos priorités, d’alléger le poids de l’État, et de redonner aux entreprises l’espace dont elles ont besoin pour prospérer. Ce n’est qu’en choisissant cette voie que la France pourra redevenir un terreau fertile pour les idées, l’innovation et la réussite.
Sources :
• Le Monde : “Canal+ annonce le retrait de ses quatre chaînes payantes de la TNT” (source)
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