EDF : Autopsie d’un suicide énergétique organisé par des visionnaires de la décadence

La rédaction

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Publié le 26 novembre 2024
EDF : Autopsie d’un suicide énergétique organisé par des visionnaires de la décadence

Pendant ce temps-là, dans un pays qui avait tout pour devenir un géant de l’énergie mondiale, un spectacle digne d’un théâtre d’absurde se joue. L’histoire d’EDF est une tragédie moderne où des dirigeants français, sous les applaudissements discrets mais ravis de Bruxelles et des grands intérêts internationaux, sabotent méthodiquement ce qui aurait dû être un joyau national.


Acte 1 : La grande époque


Il fut un temps où la France contrôlait toute la chaîne du nucléaire : Areva extrayait l’uranium, Alstom concevait les centrales, EDF produisait et distribuait une électricité abondante et bon marché. Ce petit miracle industriel, commencé sous De Gaulle et Pompidou, dérangeait les grands de ce monde : Washington, Berlin, Riyad… tous regardaient cette indépendance énergétique d’un mauvais œil. Et pour cause : la France pouvait éclairer l’Europe entière avec son électricité quatre fois moins chère que celle produite à coups de gaz et de charbon.


Mais c’était trop beau pour durer. Car en France, on a un talent particulier : détruire ce qui marche, et de préférence, le faire avec élégance en brandissant des mots comme “concurrence” et “libre marché”. Les économistes appellent cela le “suicide assisté”.


Acte 2 : L’Europe au secours du néant


Bruxelles, cette entité où personne n’a jamais été élu directement mais qui décide de tout, n’aimait pas le monopole d’EDF. Vous comprenez, un monopole public qui fournit de l’énergie à bas prix, c’est mal. Il fallait instaurer la concurrence, même si elle n’existe que dans les PowerPoints des commissaires européens.


Ainsi naquit la Loi NOME, sous l’aimable Sarkozy, le président qui croyait qu’un sourire pouvait cacher un désastre. EDF fut forcée de vendre 25 % de sa production nucléaire à prix coûtant (42€/MWh) à des parasites privés qui ne produisaient rien mais se faisaient appeler fournisseurs d’électricité. Ces sociétés, qui n’ont jamais vu un réacteur de près, pouvaient alors revendre cette électricité à prix d’or, en empochant la différence. Une sorte de racket légal, avec l’État français comme complice.


Acte 3 : Quand tout déraille


Et puis, le marché a fait ce qu’il fait de mieux : il a explosé. Les prix de l’électricité ont flambé, dépassant les 400 €/MWh, et nos fameux fournisseurs privés se sont retrouvés à devoir acheter cher ce qu’ils revendaient à bas prix. Résultat ? Ils ont fait faillite en série, abandonnant leurs clients à… EDF, bien sûr. Et devinez qui a dû absorber les pertes ? EDF, encore une fois.


Mais ce n’est pas tout. EDF, qui avait vendu ses capacités pour l’année 2022 à des prix dérisoires, a dû racheter de l’électricité sur les marchés à prix fort pour honorer ses nouvelles obligations. Bilan : 16 milliards d’euros de pertes, une bourse qui dévisse, et un trou qu’il faudra combler avec une augmentation de capital aux frais du contribuable. Bravo les artistes !


Acte 4 : Le génie des technocrates


Mais le clou du spectacle, c’est que la France, qui produit son électricité majoritairement à partir de nucléaire et d’hydroélectrique, voit ses prix dépendre du gaz, qu’elle n’utilise presque pas. Pourquoi ? Parce que Bruxelles l’a décidé. Oui, mesdames et messieurs, nous avons réussi l’exploit de lier notre destin énergétique à des ressources que nous n’exploitons pas. On applaudit très fort pour cette prouesse.


Épilogue : Ce qu’il faudrait faire, mais qu’on ne fera jamais


Imaginez un instant qu’un gouvernement avec un peu de bon sens reprenne les commandes. EDF serait recapitalisée, produirait de l’électricité à 50 €/MWh et ne la vendrait qu’à des entreprises françaises. Les usines allemandes déménageraient en France, attirées par des coûts énergétiques quatre fois inférieurs. La France redeviendrait une puissance industrielle, et notre balance commerciale retrouverait des couleurs.


Mais non. Au lieu de cela, nous restons sous la coupe de technocrates qui préfèrent plaire à Bruxelles qu’à leurs citoyens. Et pendant ce temps, EDF sombre, Areva n’existe plus, Alstom appartient à General Electric, et la France, jadis pionnière, est devenue une vassale énergétique.


Moralité


Si De Gaulle voyait cela, il qualifierait sans doute nos dirigeants de “traîtres au service de l’étranger”. Mais soyons indulgents : peut-être ne sont-ils que d’incroyables incompétents. Dans tous les cas, le résultat est le même : nous sommes dirigés par des génies… mais des génies destructeurs.


Et pendant ce temps, en Allemagne, on allume les centrales à charbon. Clap de fin.

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